Pont des Arts (Le)

Pont des Arts (Le)
Titre original:Pont des Arts (Le)
Réalisateur:Eugène Green
Sortie:Cinéma
Durée:126 minutes
Date:10 novembre 2004
Note:
Pascal, un étudiant idéaliste, préfère se promener dans Paris, découvrir les poèmes de Michelange, et passer du temps avec sa copine Christine, à préparer sa maîtrise sur le surréalisme. Sarah est une chanteuse classique talentueuse qui veut réussir à tout prix de chanter du Verdi dans le groupe du méchant Guigui, surnommé "l'innomable". Ces deux êtres ne se croiseront jamais, et pourtant, leur amour les aidera peut-être à surmonter la mélancolie de la vie.

Critique de Tootpadu

Comment ne pas être disposé à aimer un film dont la première séquence montre un étudiant qui veut plutôt se laisser vivre que finir sa maîtrise ? Et même si cet état d'esprit oisif mais curieux ne domine point les six chapitres qui forment le film, il donne néanmoins le ton pour ce qui suit, à savoir une oeuvre singulière et intelligente, attachée à l'artifice et à une certaine idée de l'art. Inutile en effet de chercher du naturel, autrement que dans les images recurrentes de la Seine qui coule sous les ponts, puisque la diction des comédiens, l'ordre des plans (très souvent frontaux) et le semblant d'intrigue mettent tout en oeuvre pour le faire oublier. Toutefois, il y a une certaine sensualité qui perce régulièrement l'image, comme celle-là du musicien, ou celle-ci de Pascal ou de Cédric. Cela s'apparente alors à des bouffées de vie qui ramènent le discours hautement intellectuel et philosophe à un niveau bien plus charnel et immédiat.
Visiblement inspiré de Bresson et, plus indirectement, de La Chambre obscure de Marie-Christine Questerbert, Eugène Green nous gratifie d'un film très beau, très drôle (la séquence avec Olivier Gourmet en metteur en scène de théâtre qui joue "Phèdre" devant un prostitué) et très triste également (la tentative de suicide de Pascal). Sans tomber dans les pièges d'une reconstitution historique (la période de la fin des années 1970 reste assez discrète, en dehors de quelques anachronismes pas trop gênants (la circulation en arrière-plan du pont des Arts)), il donne plutôt à ses personnages et leur environnement un air universel, ouvert à la curiosité et à l'amour de l'art, et fermé aux crétins de toute sorte.
Alors qu'Adrien Michaux constitue la véritable découverte du film, à mi-chemin entre un Jean-Pierre Léaud et un Antoine Monnier (Le Diable probablement), deux comédiens confirmés réussissent encore à nous surprendre. L'association de Denis Podalydès et d'Olivier Gourmet dans des rôles surjoués avec brillance apporte un peu d'humour et de piment aux tourments émotionnels des deux protagonistes.

Vu le 23 novembre 2004, au Lincoln, Salle 1

Note de Tootpadu: