Demoiselle d'honneur (La)

Demoiselle d'honneur (La)
Titre original:Demoiselle d'honneur (La)
Réalisateur:Claude Chabrol
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:17 novembre 2004
Note:
Philippe, un jeune commercial en installations de plomberie, habite avec sa mère et ses deux soeurs dans la banlieue bourgeoise de Nantes. Quelques jours avant le mariage de sa soeur cadette, il rencontre une des demoiselles d'honneur, la mystérieuse Senta. C'est tout de suite le coup de foudre entre les deux, mais de plus en plus la jeune femme souhaite rendre leur amour plus profond par des actes gratuits. Philippe pense alors qu'elle s'invente une histoire, le jour où elle lui raconte qu'elle a tué quelqu'un par amour pour lui.

Critique de Tootpadu

Avec un rythme de production aussi soutenu que celui de Claude Chabrol, il était inévitable que, tôt ou tard, le niveau de qualité redescende vers la moyenne. Après deux oeuvres magistrales (Merci pour le chocolat et La Fleur du mal), il nous paraissait certes peu probable, mais néanmoins souhaitable, que le vieil observateur ironique de la bourgeoisie française persévère encore dans cette même verve d'une maîtrise, d'une élégance, et d'une mesquinerie quasiment parfaites. Comme toute bonne chose a une fin - ce qui est particulièrement vrai dans le domaine du cinéma avec ses très rares cinéastes à la filmographie parfaite - ce nouveau film du réalisateur s'apparente davantage à la plus grosse partie du corpus que les deux exceptions précédentes.
Filmé avec finesse, en appliquant à la lettre, mais sans éclat, la recette d'une qualité typiquement chabrolienne (par le ton, l'univers dépeint, les enjeux de l'histoire), ce récit d'un amour fou manque justement de force déchaînée. Censée être le centre des agissements, la relation entre Philippe (bien ancré dans des valeurs négligeamment bourges) et Senta (une fille opaque et envoûtante) constitue en fait l'élément le plus faible de l'histoire. Un traitement probablement trop sage, associé à une chimie précaire entre les deux acteurs principaux, la rendent carrément peu crédible, au point de plomber l'intérêt général du film. Bien que l'on veuille bien croire que la passion entre les deux les dévore, il n'en apparaît pas tellement à l'écran.
Toutefois, les quelques détails et seconds rôles qui entourent cette combinaison difficile confirment une fois de plus l'humour mesquin de Chabrol. Que ce soit le mari qui apparaît d'abord comme un vrai ringard, mais qui cache un appétit insoupçonné, ou bien le flic qui marche dans la crotte, les petits clins d'oeil ironiques sont légion, jusqu'à devenir plus fascinants que l'intrigue principale. En plus, toute la petite troupe de comédiens fidèles au réalisateur est de la partie, ce qui nous rend l'immersion dans son univers, avec son papier peint atroce et ses coutumes bien bourgeoises, encore plus délicieuse.
Plus proche de la portée d'un Rien ne va plus que des deux chefs-d'oeuvre ultérieurs, ce film-ci est sans doute un petit cru dans la filmographie de Chabrol. Cependant, il ne manque pas de nous présenter quelques observations joliment assassines.

Vu le 19 novembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 2

Note de Tootpadu: