Bon voyage

Bon voyage
Titre original:Bon voyage
Réalisateur:Jean-Paul Rappeneau
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:16 avril 2003
Note:
Juste avant l'arrivée des Allemands en 1940, la célèbre actrice de cinéma Viviane Denvers est mêlée à l'assassinat d'un homme d'affaires. Elle en fait porter la responsabilité à Frédéric Auger, un ami d'enfance et écrivain sans succès qui est toujours éperdument amoureux de cette belle femme inaccessible. Lorsque les occupants débarquent, Auger s'enfuit de la prison et rejoint Viviane à Bordeaux, où elle s'est refugiée en compagnie du ministre Beaufort, en proie à la déroute du gouvernement. Alors que le chaos règne en ces temps difficiles, Auger devra décider de ses véritables sentiments pour Viviane et assister en même temps une jeune étudiante à faire passer un savant important en Angleterre.

Critique de Tootpadu

L'échec commercial de cette fresque enlevée nous avait attristé il y a deux ans, et à revoir les aventures rocambolesques sur fond de l'arrivée de l'occupant nazi ces jours-ci, on ne peut toujours que s'étonner du goût du public français, qui plébiscite des comédies débiles, et qui laisse de côté les vraies perles du cinéma populaire. Car avec son premier film en huit ans, Jean-Paul Rappeneau reste courageusement fidèle à la tradition du divertissement de qualité à la française. Le décor d'époque ne sert alors que d'embrayeur pour nous emmener dans un récit d'une agilité exceptionnelle, qui s'avère parfois même plus intelligent que les oeuvres d'antan dont il s'inspire.
Traiter cette ronde joyeuse et ininterrompue de désuet serait en effet se tromper de cible. Le cinéma de Rappeneau, aussi parcimonieux soit-il, ne s'est jamais réellement intéressé à des préoccupations contemporaines. Qu'il s'agisse des Mariés de l'an II ou de Cyrano de Bergerac, la création d'une époque révolue pour y dérouler des péripéties hautement divertissantes l'a toujours remporté chez ce cinéaste atypique sur une quelconque volonté d'engagement. C'est comme s'il se contentait volontairement de l'emploi initial du cinéaste : celui de conter une histoire pour agréablement faire passer le temps au public. Aussi simple que cette tâche puisse paraître, peu de réalisateurs y excellent autant que Rappeneau.
Dans cette histoire de dérèglement en temps de crise au fond assez conventionnelle, il n'y a en fait pas un seul instant de répit. Pourtant, la vitesse de la narration avance tout en élégance, sans brusquer le spectateur, ni lui imposer des raccourcis paresseux. Si les ingrédients de l'histoire n'ont alors rien d'exceptionnel, leur agencement est d'une précision et d'une classe que l'on n'hésitera pas longtemps d'appeller "unique". Tout s'enchaîne à un rythme effréné et le plaisir vif de bien raconter une histoire devient vite apparent. Cela a beau être du divertissement pur et dur, si tout le cinéma commercial pouvait s'en inspirer, nous abandonnerions presque volontairement le cinéma plus exigeant et moins consensuel.

Revu le 26 avril 2005, en DVD

Note de Tootpadu: