Nobody knows

Nobody knows
Titre original:Nobody knows
Réalisateur:Hirokazu Kore-Eda
Sortie:Cinéma
Durée:141 minutes
Date:10 novembre 2004
Note:
Le jeune Akira vient d'emménager avec son frère, ses deux soeurs et sa mère dans un nouvel appartement. Tous de pères différents, les quatre enfants doivent rester chez eux, pour ne pas réveiller la méfiance du propriétaire, hostile aux bruits des plus jeunes. Alors que la mère s'absente de plus en plus, Akira, l'aîné, doit prendre soin de ses frères et soeurs. Cette existence cachée des yeux des instances sociales se passe assez bien, jusqu'au jour où la mère ne rentre plus du tout. Le ménage sombre alors lentement dans la pauvreté et l'isolation.

Critique de Tootpadu

La circulation des histoires dans notre ère emprunte parfois de curieux chemins. Ainsi, ce récit de l'abandon d'un groupe d'enfants ressemble d'assez près à Demi-tarif, le moyen-métrage d'Isild Le Besco. Nous ignorons s'il existe un lien autre que le hasard pur et simple, mais cette quasi-répétition est pour le moins troublante. S'il y a une idée de départ (des enfants chez eux, tout seuls) et une trame d'histoire (la lente dégradation de leur condition en raison de leur abandon) semblables, le traitement formel n'en reste pas moins très contrasté. De moitié plus court que sa contrepartie japonaise, le film de la jeune actrice française a tout d'un essai, construit avec quelques bouts de ficelle (cf. l'absence de générique et la distribution confidentielle) et dans l'ensemble assez mal assuré dans sa forme, en dépit de nombreuses observations pertinentes que l'on retrouve à présent.
En effet, le scénario du film de Hirokazu Kore-Eda ne fait que suivre la déchéance progressive des enfants, due aux absences prolongées d'une mère irresponsable. Que certains éléments ne paraissent pas forcément très crédibles (la négligeance des propriétaires ne serait-ce que pour réclamer le loyer alors que l'électricité et l'eau sont coupées depuis longtemps) ne cache, ni ne gâche, en rien le fait que la structure scénaristique est aussi simple que prévisible.
Par contre, là où ce lauréat du prix d'interprétation masculine au dernier festival de Cannes le remporte haut la main, par rapport à Demi-tarif, et dans notre appréciation générale, c'est dans sa mise en scène subtile et ferme à la fois. Un véritable maître des pieds et des mains, dont les plans symbolisent de façon régulière la dégradation progressive des conditions de vie des enfants, le réalisateur donne un cadre neutre, mais pas sans compassion, à ce drame social. A force de repéter les passages dans les mêmes décors urbains, il crée un environnement aussi banal qu'attachant à travers la déambulation du jeune Akira.
Père improvisé de famille, responsable de ses frères et soeurs, mais également un adolescent qui cherche ses marques, le portrait du garçon est particulièrement saisissant. C'est avant tout son lent retour vers l'enfance qui intrigue, alors qu'il est présenté par sa mère au début du film comme un fils sérieux. Malheureusement, l'immersion à laquelle il aspire, dans un milieu social plus ordinaire, à travers l'amitié intéressée avec les jeunes du quartier, ne s'accomplira pas, condamné qu'il est de vivre dans le secret et dans les contraintes d'une responsabilité trop lourde pour son jeune âge.

Vu le 15 novembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 32, en VO

Note de Tootpadu: