Old Boy

Old Boy
Titre original:Old Boy
Réalisateur:Park Chan-wook
Sortie:Cinéma
Durée:118 minutes
Date:29 septembre 2004
Note:
Après une nuit passée au poste, Oh Dae-soo est enlevé en pleine rue, sans raison apparente. Séquestré dans un appartement, il dispose de la télé comme seul lien vers le monde extérieur et comme horloge de quinze ans de captivité. Relâché aussi brusquement qu'il a été fait prisonnier, Oh Dae-soo recherche par tous les moyens le responsable de son supplice. Mais à la première question du "qui" se substitue bientôt celle, beaucoup plus troublante, du "pourquoi".

Critique de Tootpadu

On aimait déjà bien le cinéma coréen auparavant, grâce à des films de Im Kwon-taek (Le Chant de la fidèle Chunhyang), Hong Sang-soo (la trilogie de la Vierge, du Pouvoir et du Cochon) et, en tant que dernière découverte, avec une filmographie particulièrement fugace (honte à nous d'avoir loupé Samaria pendant ses deux maigres semaines d'exploitation à Paris) Kim Ki-duk (The Coast Guard). Et bien que le Sympathy for Mr Vengeance du même Park Chan-wook nous ait agréablement surpris, il nous avait nullement préparé au choc de cette nouvelle oeuvre, lauréat du Grand prix du jury à Cannes cette année !
Un puzzle imprévisible aux bifurcations insoupçonnées, le film nous agresse et nous enchante étrangement en même temps. D'une violence rare et perturbante, ce récit d'un homme violemment poussé hors du temps et hors de lui révèle autant de beauté poétique et élégiaque que de moments difficilement supportables. Dans le combat truqué entre la proie et son malfaiteur démoniaque, le plus grand malaise résulte de l'absence totale de certitudes et de la constante mise en abîme d'une histoire qui n'est déjà plus ce qu'elle semblait être cinq minutes plus tôt. A la structure rigide de Peppermint Candy, un autre film coréen notable, succède un format beaucoup plus inventif. Au fur et à mesure que l'intrigue progresse, le temps diégétique devient de plus en plus sauvage, condensant le présent, tout en l'assimilant à un passé progressivement plus influent.
Alors que le style de Park pouvait apparaître un peu lourd et pas encore assuré dans son rythme lors de son film précédent, il se transforme littéralement en tourbillon formel ici. Irrésistible, percutant, rapide et sans pitié, le film, tout comme son protagoniste, ne chôme pas pour arriver à son but. Tandis que la solution de la quête de Oh Dae-soo sera réservée à ceux qui se soumettront à l'expérience cinématographique impressionnante d'aller voir ce petit chef-d'oeuvre, le constat esthétique de l'oeuvre pourrait être que la véritable cruauté ne se cache pas derrière les images de la violence - volontairement exagérées - , mais dans ce beau paysage hivernal final ou cette sublime transition entre une page web et l'arrivée à l'école, des leurres qui engendrent une déchéance psychologique bien plus cruelle.

Vu le 9 novembre 2004, à l'UGC Forum Orient Express, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: