Fautes d'orthographe (Les)

Fautes d'orthographe (Les)
Titre original:Fautes d'orthographe (Les)
Réalisateur:Jean-Jacques Zilbermann
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:03 novembre 2004
Note:
Le jeune Daniel Massu est collé de naissance, à cause de ses parents, un couple qui dirige un collège avec internat vers la fin des années 1960. Contraint de partager pour la première fois le dortoir avec ses camarades de classe et complexé par une puberté qui a pris du retard, Daniel se lie d'amitié avec Richard Zygelman, un nouvel élève d'origine juive. Cette relation lui permettra d'ouvrir les yeux sur sa condition d'enfant gâté de sa mère et bouc émissaire de toute l'école, jusqu'à la création d'un système parallèle de marché noir.

Critique de Tootpadu

Ele sons lee zenemi de toux t'un chakun ki esaye de se fer comprondre à traver les cris, et elles ne sont guère mieux appréciées par des lecteurs exigeants qui ont tout autant le droit d'être épargnés de leurs soeurs jumelles : la faute de frappe et la faute par manque de relecture. Et pourtant, l'orthographe exacte, voire précise jusqu'au tréma, est la base de toute culture écrite; l'objet de tout un culte de règles et mises à jour qui, comme prolongement de la parole, permettront la communication entre les hommes et la conservation de celle-ci. Ainsi, les déboires de dyslexie du jeune protagoniste de ce drame avec quelques touches d'humour, servent idéalement de prétexte pour résumer la honte et la rébellion de cet enfant mal adapté.
Inhabituellement opaque pour ce genre de personnage et presque pitoyable, ce Daniel Massu arrive néanmoins à gagner notre sympathie, plus par admiration pour sa débrouillardise et les obstacles qu'il doit surmonter, que par son caractère rayonnant. En effet, la collective qu'il montera au cours du film semble relever plus du moyen de vengeance subtil contre ses parents, que d'un effort altruiste et désintéressé. A la limite, l'équilibre incertain entre la légitimité de la révolte et les caprices d'un adolescent physiquement un peu en retard est le véritable sujet du film. Autant, le mouvement social des élèves nous galvanise par son mélange complexe de considérations sociales, économiques et personnelles, autant cette jeunesse d'esprit comporte une grande part d'irresponsabilité. Pour une séance de cinéma, le modèle que promeut le film est alors très divertissant et bien dans un esprit gentiment anarchiste, par contre, dans la vie réelle, il doit paraître forcément illusoire et naïf.
Le traitement que le réalisateur et scénariste applique aux années 1960 est certes pittoresque, avec ses vêtements et coiffures bien typés et les voitures anciennes que l'on a du mal à voir avancer dans la boue. Cependant - et notre avis est évidemment hypothétique puisque nous ne marchions pas encore sur cette terre à cette époque-là - il donne plus l'impression d'une reconstruction artificielle, que d'une authenticité radicale. En gros, la nostalgie l'emporte parfois sur la sincérité.
En somme, que ce soit par les nombreuses interprétations remarquables ou par le scénario assez bien ficelé, le film est un divertissement très agréable à voir, qui pourrait vous donner des idées doucement anarchistes tant que vous êtes blottis dans votre fauteuil, mais qui ne transformera point le monde, ni l'image que vous vous en faites.

Vu le 8 novembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 22

Note de Tootpadu: