Nicholas Nickleby

Nicholas Nickleby
Titre original:Nicholas Nickleby
Réalisateur:Douglas McGrath
Sortie:Cinéma
Durée:130 minutes
Date:20 octobre 2004
Note:
Lorsque le père du jeune Nicholas Nickleby décède prématurément après un mauvais placement en bourse, le jeune homme se retrouve responsable de sa soeur, Kate, et de sa mère. Contraints d'aller en ville pour demander de l'aide à l'oncle Ralph, un riche homme de finances sans coeur, les trois survivants devront affronter la dure réalité de la vie, à l'opposé des idéaux familiaux du père. Alors que Kate se défendra tant bien que mal des avances des partenaires d'affaires véreux de son oncle, Nicholas est envoyé à la campagne pour assister le méchant Squeers dans son école pour garçons.

Critique de Tootpadu

Depuis la nuit des temps, ou au moins depuis des associations aussi illustres que Powell & Pressburger et Merchant & Ivory, les drames d'époque anglais sont particulièrement soignés et jolis. Même pour des milieux du genre miteux et infréquentables comme ceux de Charles Dickens, justement, et encore plus dans les sphères luxueuses de l'aristocratie, le style se doit de donner un cadre rempli de beauté plastique aux tourments du coeur et à la description d'une ère passée, voire lointaine. Cet attachement au versant académique, synonyme d'une expérience d'évasion agréable, trahit en quelque sorte le côté brut de la littérature sur laquelle la plupart des films concernés se basent, en donnant libre jeux aux sentiments engoncés et au maintien du statu quo d'un passé fictionnalisé. Peut-être le conflit entre la forme et le fond dans ce cas précis nous interpelle à ce point en raison de l'autre film vu ce jour (Cette sale terre à la forme imparfaite pour d'autres raisons). Mais toujours est-il que la beauté des décors et des paysages et celle des sentiments s'allient ici pour un beau conte de fées.
L'apport du scénariste et réalisateur Douglas McGrath n'apporte pas grand-chose à l'univers habituel de Dickens, marqué par les abus d'enfants et les adultes sans coeur. Cependant, et en dehors des réserves formulées plus haut, le portrait qu'il en dresse n'a pas non plus à pâlir en comparaison avec d'autres adaptations du maître anglais. L'emploi d'un langage vieux, mais pas vieillot, et des décors crédibles - toujours en référence à ce que l'on a déjà vu avant -permettent une immersion plaisante dans ce récit sur l'honneur et l'amitié.
Quant à l'interprétation, le personnage principal manque un peu de conviction et il ne rattrape pas entièrement cette lacune par son aspect physique séduisant. Dans toute l'illustre distribution, Christopher Plummer se démarque dans un rôle tout droit dans la lignée des vilains emblématiques de Dickens. Sans être révolutionnaire, son jeu permet au moins de soupçonner l'esprit tourmenté qui gouverne ses actions maléfiques.
Enfin, la compositrice Rachel Portman s'engouffre dans un chemin que grand nombre des ses confrères ont pris avant elle : celui des partitions interchangeables qui reprennent presque à la note près des thèmes couronnés de succès. Ainsi, la bande originale de ce film-ci ressemble de trop près à celle de L'Oeuvre de Dieu, la part du diable.

Vu le 2 novembre 2004, à l'Espace Saint Michel, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: