Cette sale terre

Cette sale terre
Titre original:Cette sale terre
Réalisateur:Andrew Kötting
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:28 juillet 2004
Note:
Francine cultive avec sa soeur Kath la ferme de leurs parents décédés. Alors que Kath approche de la majorité et qu'elle cherche à se marier avec Buto, un fermier voisin, qui lui a déjà fait un enfant, Francine rêve de partir du milieu sale et pauvre de la campagne anglaise. Son espoir trouve sa cible en Lek, un travailleur immigré, qui devient vite le bouc émissaire du village après quelques événements malheureux.

Critique de Tootpadu

La misère rurale ne fait que rarement l'objet d'un film. Est-ce faute de sources qui nous révèlent l'existence de cette tranche défavorisée de la population ? Est-ce parce que le cinéma s'obstine à raconter les histoires édifiantes des riches et beaux afin de faire oublier au public qui peuple la salle sa propre vie quotidienne laborieuse ? En tout cas, les quelques oeuvres qui nous viennent à l'esprit privilégient la voie de la poésie pour rendre aux gens simples un peu de leur diginité (C'est quoi la vie ? de François Dupeyron, par exemple, fait baigner les déboires du jeune agriculteur dans les couleurs chatoyantes de la forêt automnale). Rien de poétique ici, par contre, devant un échantillon repoussant, vulgaire et superstitieux d'une populace laissée à l'abandon. En effet, le cadre historique est d'autant plus difficile à estimer que les influences externes sont rares et vagues, que le mode de vie des fermiers est gouverné par des traditions anciennes.
Cette suspension temporaire ne fait qu'accentuer, d'ailleurs, l'aspect choquant de certaines images, qui se distancient fortement dans leur crudité de l'aperçu plus romantique qui accable généralement la campagne. Pieds crevés, taureaux en érection, des habits crades et boueux, tels sont les éléments qui donnent au film un air d'authenticité plutôt rare. Sales, bêtes et méchants, les paysans anglais ne se distinguent pas tellement des habitants des taudis italiens chez Scola, sauf qu'ici, le drame est complet et la sortie de secours illusoire.
Tout cela aurait pu donner une tragédie rurale forte et poignante - l'histoire inspirée par Zola y est certainement pour quelque chose - s'il n'y avait la mise en scène tapageuse, qui s'amuse à salir également l'image avec une caméra soit tout près du sol, soit collée sur la peau des acteurs. Cette mise en abîme formelle probable n'accomplit point ses intentions et rend la misère de Francine et de son entourage distante au lieu d'ajouter à la banalité sans fard.

Vu le 2 novembre 2004, au MK2 Hautefeuille, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: