Nicotina

Nicotina
Titre original:Nicotina
Réalisateur:Hugo Rodriguez
Sortie:Cinéma
Durée:88 minutes
Date:27 octobre 2004
Note:
Lolo est un jeune hacker surdoué qui vénère en secret sa voisine, une belle violoncelliste. Grâce aux caméras de surveillance qu'il a installées chez elle, et à l'écoute de ses coups de fil, il espère un jour vaincre le coeur de cette femme qui ne voit en lui qu'un dépanneur informatique commode. Hélas, le soir où sa passion pour elle éclate au grand jour et malgré lui, la réaction de sa bien-aimée déclenchera une série d'événements qui auront de lourdes conséquences. Ainsi, un transfert mafieux capotera, une employée de pharmacie se libérera enfin de son patron qui essaie d'arrêter de fumer, et la femme du coiffeur cherchera de quoi s'acheter des cigarettes pour un bon bout de temps dans un endroit particulièrement enfoui.

Critique de Tootpadu

Le cinéma mexicain n'est peut-être pas le plus exposé en France, mais les quelques films qui arrivent jusqu'à nous ont pratiquement tous de quoi nous surprendre. Ainsi, Amours chiennes était une oeuvre formellement exigeante et novatrice, sans parler de l'histoire intense. Par contre, même si la promotion sur l'affiche de ce film-ci ne le laisse pas supposer, le ton est très différent entre les destins tragiques et brutes mêlés chez Alejandro Gonzales Iñarritu et la nuit survoltée et plutôt comique du chassé-croisé entre des criminels à la petite semaine. De même, la prétention scénaristique de Y tu mama tambièn ne trouve pas d'écho ici, au profit d'une narration très dense et sans temps mort, qui nous fait presque regretter de quitter l'un des fils de l'histoire pour faire avancer un autre.
Plus encore que le montage nerveux et le recadrage de l'image parfois trop marqué par l'informatique et l'attachement aux nouvelles technologies, c'est l'histoire dans sa simplicité burlesque et ironique qui enthousiasme. Face à un manque de moyens flagrant, qui fait ressembler le film parfois à des programmes d'apprentissage d'une langue étrangère, une des vérités intrinsèques du cinéma trouve son application : peu importe le budget et l'envergure du projet, s'il se base sur un sujet en or, le fond fera oublier les lacunes de la forme. Et c'est donc l'histoire éternelle de la comédie humaine qui nous fascine ici, le combat ridicule des hommes de trouver un peu de bonheur et l'équilibre précaire de leur vie qui s'effondre à partir d'un incident supposé anodin. Enchaînant sans arrêt des événements d'un humour noir jubilatoire, qui rime d'ailleurs bien avec la glorification peu politiquement correcte du tabagisme, cette petite merveille mexicaine s'avère être d'une solidité et d'une rapidité à tout épreuve.
En fin de compte, il n'y a pas besoin d'effets spéciaux tonitruants et d'un cadre historique somptueux pour divertir, voire faire rire - un art encore plus délicat -, puisque le film le plus satisfaisant de cette semaine aux choix cinématographiques autrement plus médiocres n'est autre que cette histoire renversante, aussi près du présent par ses petits gadgets informatiques, que du passé par un récit universel de la condition tragi-comique de l'être humain.

Vu le 29 octobre 2004, au Gaumont Gobelins Fauvette, Salle 6, en VO

Note de Tootpadu: