36 quai des orfèvres

36 quai des orfèvres
Titre original:36 quai des orfèvres
Réalisateur:Olivier Marchal
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:24 novembre 2004
Note:
Paris. Depuis plusieurs mois, un gang de braqueurs opère en toute impunité avec une rare violence. Le directeur de la PJ, Robert Mancini a été parfaitement clair avec ses deux lieutenants les plus directs, Léo Vrinks, patron de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention), et Denis Klein, patron de la BRB (Brigade de répression du banditisme) : celui qui fera tomber ce gang le remplacera à son poste de grand " patron " du 36, quai des Orfèvres. La lutte est ouverte entre ces deux grands flics, autrefois amis, qu'aujourd'hui tout sépare : leurs vies, leurs méthodes, leurs équipes et une femme, Camille Vrinks... http://www.36lefilm.com/
(Source Allociné)

Critique de Mulder

A toute l’équipe du Gaumont de Disney Village, votre sympathie est exemplaire

Pour commencer, je remercie le cinéma Gaumont de Disney Village qui continue à être ma terre d'exil dans ses moments difficiles. Ce soir, j'ai pu grâce à eux découvrir enfin un grand film français très bien dirigé et surtout avec deux grands acteurs Depardieu et Auteuil et une très bonne équipe. Le film projeté en avant première à 20h00 fut suivi d'un débat d'une heure avec une bonne partie de l'équipe dont le réalisateur qui prit son temps pour parler d"un sujet qu'il connaît (il a été flic) et d'un film réellement inspiré. A noter que dans la salle, tous les policiers de Serris furent conviés à cette avant première.

Le réalisateur s'est donc inspiré pour son film de l'"Affaire Loiseau", du nom d'un policier qui avait été condamné en 1990 dans le cadre du procès de 6 policiers "ripoux", qui appartenaient pour la plupart aux brigades d'élite du Quai des Orfèvres. Dominique Loiseau, qui a toujours clamé son innocence, a été gracié en 1993. Ce soir il était dans la salle pour assister à ce grand film.

Dès son premier film Gangster avec Anconina et Parillaud, Olivier Marshall montrait qu"il avait un réel sens du récit très efficace. Aidé par une réalisation très efficace lors des scènes d'action, Gangsters était un film certes brouillon mais qui donnait envie de suivre ce réalisateur. Gangsters était un premier film d'un réalisme à tout épreuve. Le synopsis du film , le casting, et Gangster annonçaient 36 Quai des orfèvres comme un futur polar culte et c'est le cas.

Daniel Auteuil et Gérard Depardieu reviennent enfin dans nos salles dans un grand film et cela est à signaler. Que ce soit Auteuil et ses derniers films guères inspirés (Le Prix du désir, Nos amis les flics, Caché, Rencontre avec le dragon, Petites coupures, La Folie des hommes, L'Adversaire) ou Gérard Depardieu qui avait tendances ces derniers temps à faire comme Robert De Niro, faire uniquement des films pour l'argent (San Antonio, RRRrrrr !!!), ces acteurs sont de très grand acteurs, il suffit de savoir les diriger et qu'ils aient un rôle à leur démesure. Ce film narre donc avec brio l'affrontement de ces deux hommes aux sein de la Police. La lutte ouverte entre ces deux êtres, autrefois amis, qu'aujourd'hui tout sépare : leurs vies, leurs méthodes, leurs équipes et une femme (Camille Vrinks). Donc, un grand bravo au réalisateur de nous avoir permis de retrouver ces deux grands acteurs en très grande forme

Certaines scènes de ce film nous renvoient aux grands classiques américains. La scène du braquage sur l'autoroute nous rappelle un peu l'ambiance de matrix reloaded par le choix des couleurs choisies et par l'extrême violence qui s'en dégage. Les scènes aussi bien intimistes que violentes sont toutes traitées avec professionnalisme et fait donc de ce film est classique instantanément. Après l'avoir vu, je pense que vous n'aurez qu'une envie c'est de le revoir.

On sent dans ce film que le réalisateur ancien policier parle d'un sujet qu'il connaît parfaitement. Certes, les méthodes très violentes du personnage joué par Auteuil peuvent choquer mais face à certaines personnes, elles sont compréhensibles. Tout dépend du contexte et de la crise à gérer. Seul bémol, la fin nous paraît pas totalement maîtrisé. Mais le film emporte nettement notre enthousiasme et montre qu'en France, on peut réaliser comme les américains des grands films.

A noter qu'une certaine Aurore Auteuil joue la rôle de la fille de Daniel Auteuil et oui c'est le premier rôle de sa fille au cinéma....

A voir absolument sur grand écran quand se film sortira dans votre cinéma

Vu le 25 octobre à la séance de 20h00 salle 02 au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Quelle immense surprise agréable de découvrir ce meilleur film policier français de l'année ! Il y a certes eu Le Convoyeur plus tôt, avec une histoire de banditisme et de vengeance à peu près comparable, mais il manquait d'envergure et de maîtrise sans faille, des qualités dont dispose ce film-ci amplement. En effet, on serait tenté de comparer ce dernier à un L.A. Confidential à la française, pas loin d'être aussi complexe et exigeant que ce dernier chef-d'oeuvre du film policier.
Dense, grave et tragique, la deuxième oeuvre d'Olivier Marchal ne nous lâche pas une seule seconde, parcourant un long chemin de péripéties sans jamais donner l'impression d'épuiser nos espérances. En effet, le risque principal avec un scénario aussi complexe aurait été de le rendre indigeste, voire incompréhensible, à coup d'esbroufe de la mise en scène. Pour notre plus grand plaisir, Marchal sait exactement garder l'équilibre entre la richesse des personnages, jusqu'aux seconds rôles d'une vérité hélas trop rare de nos jours, et les exigences d'une trame narrative intense, balançant du film d'action jusqu'au drame émotionnel, sans que cet écart considérable ne soit perçu comme forcé. Ainsi, le plan fixe sur l'un des protagonistes, tout petit dans sa cellule, en dit davantage que des mouvements de caméra inutiles, et les occasions tristes ne donnent pas lieu à des effusions de larmes, juste ce qu'il faut d'émotion vive et poignante. On pourrait citer des dizaines d'autres exemples pour étayer le travail remarquable de Marchal, un très bon artisan autant qu'un artiste ludique, puisque 36, Quai des Orfèvres dépasse subtilement le cadre du simple spectacle policier.
Parallèlement au côté technique irréprochable, les implications du commentaire social sont indéniables. Dans tous les agissements de la police au cours du film, il n'y a en effet point d'héroïsme, ou s'il y en a, celui-ci est sévèrement et subitement sanctionné. Dans le conflit entre le flic de la vieille école qui se fait régulièrement avoir par excès d'honnêteté (Auteuil) et la bête de pouvoir qui sacrifie absolument tout à son avancement (Depardieu), c'est en fin de compte un drôle de destin qui tranchera. Mais peu importe le dénouement, fort joli et délicat soit dit en passant, le constat du film est d'une noirceur probablement pas très éloignée de la réalité. Fini le mythe d'une force de l'ordre qui agirait selon un minimum de code éthique, le monde professionnel des flics des brigades spéciales est tout aussi corrompu et gangréné par des intérêts personnels que tous les autres. L'univers du film basé sur la violence et la trahison ne permet une issue salutaire qu'à celui qui joue le jeu jusqu'au bout, en vendant sa conscience au diable, ou bien, dans un seul cas, à celui qui maîtrise assez bien ses règles pour se les approprier. Et encore, la machine est tellement déréglée que seuls quelques coups de chance l'empêchent de se désintégrer.
Enfin, nous ne pouvons exprimer notre admiration pour ce polar dans la digne tradition des Melville sans mentionner et la musique et l'interprétation. Alors qu'un excès de thèmes sur la bande sonore nous horripile d'habitude, la partition d'Erwann Kermorvant et Axelle Renoir participe pour beaucoup au ton oppressant du film, tout en gardant certaines scènes à la charge émotionnelle considérable du côté du supportable. Trois ans après leur dernière rencontre dans Le Placard, infiniment plus léger et anodin, Auteuil et Depardieu se livrent ici un affrontement d'une intensité et d'un inéluctable exceptionnels, qui rappelle - excusez la nouvelle référence au cinéma américain - celui de De Niro et Pacino dans Heat. Comme dans le chef-d'oeuvre de Michael Mann, les deux vedettes sont soutenues par une distribution secondaire impressionnante, d'une justesse rafraîchissante.
Notre bonheur est quasiment parfait, puisque ce film de genre magnifique a connu les faveurs du public, ayant engrangé en un mois d'exploitation quasiment 1,5 million de spectateurs. Si seulement tout le cinéma français pouvait être du même acabit ...

Vu le 22 décembre 2004, au Gaumont Disney Village, Salle 10

Note de Tootpadu: