Carnets de voyage

Carnets de voyage
Titre original:Carnets de voyage
Réalisateur:Walter Salles
Sortie:Cinéma
Durée:126 minutes
Date:08 septembre 2004
Note:
Ernesto Guevara, près de la fin de ses études de médecine et issue d'une bonne famille de Buenos Aires, décide en 1952 de parcourir l'Amérique latine en quatre mois avec son ami Alberto Granado, un biochimiste. Embarqués sur une vieille moto, la "vigoureuse", les deux jeunes hommes perdront rapidement de vue l'emploi de temps serré qu'ils s'étaient fixés, mais les rencontres qu'ils feront sur leur chemin, avec des indiens déshérités et des lépreux, notamment, changeront à jamais leur destinée.

Critique de Tootpadu

Le "Che" figure sans doute parmi les icônes les plus populaires d'une contestation apprivoisée, juste derrière Bob Marley. C'est sans doute cette notoriété auprès d'une génération en plein pouvoir matériel qui a contribué en grande partie au succès international de ce film. En effet, le jeune homme, en train de passer du camp de la bourgeoisie ennuyée dans celui de révolutionnaire communiste, est dépeint avec suffisamment de dévotion pour apparenter cette biographie filmique partielle à une hagiographie sans retenue. Aventurier, persévérant, respectueux envers les femmes, altruiste et par-dessus tout, franc et honnête : aucun trait de caractère positif n'est omis dans ce portrait d'un homme sur lequel plane, de toute évidence, le rôle important qu'il jouera par la suite. Heureusement que cet excès de bonté trouve un écho, certes un peu stéréotypé, en la personne de son compagnon, râleur et hédoniste. A la limite, on préfère presque la nature imparfaite d'Alberto à Ernesto, qui se rapproche trop souvent d'un saint communiste.
Cette facilité un peu négligée dans le traitement des personnages, on la retrouve dans la mise en scène, effectivement très solide, mais pas tout à fait à la hauteur de son sujet. Prenez par exemple ces photos vivantes en noir et blanc ou ces quelques moments très forts (comme la traversée nocturne de l'Amazone) dont l'impact aurait pu être encore plus irrésistible si les images et les cadrages chosis avaient eu la beauté de quelques plans de la nature, si le dispositif et le style avaient été moins conventionnels. Depuis Avril brisé, le talent plastique de Walter Salles a commencé d'apparaître; dommage qu'il ne s'affirme pas davantage ici.
Ces deux réserves mises à part, le film est néanmoins un récit prenant de voyage, un hymne au vagabondage lucide et hors des sentiers battus. A peine passé de mode (cf. l'exploit récent d'Ewan McGregor), ce genre de périple initiatique a gardé tout son charme crasseux et épuisant, il continue à nous faire rêver dans nos petites existences citadines et sédentaires. L'état d'esprit indépendant et la beauté du paysage constituent alors les qualités principales de ce bon film, qui aurait pu être, par contre, encore plus rebelle et iconoclaste.
Pour les admirateurs du "Che", un encensement sans ambiguïté, pour les autres, une leçon d'histoire édifiante et belle à regarder.

Vu le 22 octobre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: