Struggle

Struggle
Titre original:Struggle
Réalisateur:Ruth Mader
Sortie:Cinéma
Durée:73 minutes
Date:13 octobre 2004
Note:
Une jeune femme polonaise va en Autriche avec sa fille pour cueillir des fraises. Sur le chemin du retour, elle s'enfuit et propose désormais ses services de main-d'oeuvre non qualifiée, de femme de ménage et d'outil dans des jeux sexuels. Lors de ce dernier travail, elle rencontre un agent immobilier divorcé et accro des pratiques extrêmes.

Critique de Tootpadu

Pour un petit pays cinématographique comme l'Autriche, l'existence d'un maître de réputation internationale, tel Michael Haneke, peut être autant une bénédiction qu'une malédiction. A l'heure même où l'illustre cinéaste poursuit sa carrière loin de sa terre d'origine, un nombre tout de même impressionnant de films autrichiens arrive avec une petite régularité sur les écrans français. Tous, sans exception, traitent de la gangrène sociale qui accable sous une forme ou une autre la culture autrichienne. Entre l'aisance matérielle sentie comme normale, mais qui isole les hommes, et l'intérêt pour des formes de sexualité en nette opposition à la vie embourgeoisée, le terrain des préoccupations est clairement limité. Cependant, ce refus d'aller chercher plus loin que la perversité complaisante et triste de ses compatriotes rend les récentes productions autrichiennes (Dog Days, Lovely Rita) certes plus socialement pertinentes que dans d'autres pays. Mais le risque de devenir prévisible et une simple répétition du style initié par Haneke s'approche à grands pas.
Quant à ce film-ci, il se passe de façon très convaincante de paroles pour laisser aux images la charge émotionnelle de l'oeuvre. Un pari gagné, tant les différentes tâches de la jeune femme sont saisies dans toutes leur tristesse et aliénation. Ainsi, le travail à la chaîne dans l'usine de volaille rappelle, la comédie en moins, celle des Temps modernes, avec ses gestes répétitifs et le regard hagard des travailleurs. Cette acceptation de la misère, pour pas grand-chose en fin de compte, trouve son écho dans la solitude de l'agent immobilier, à l'abri d'un point de vue matériel, mais à la dérive du côté émotionnel.
Pertinent et fort, ce combat pour survivre est à la fois une preuve supplémentaire de l'énergie et de la poésie désabusée du cinéma d'Autriche, et une indication d'un lent besoin de renouveau.

Vu le 21 octobre 2004, au MK2 Hautefeuille, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: