Comme une image

Comme une image
Titre original:Comme une image
Réalisateur:Agnès Jaoui
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:22 septembre 2004
Note:
Lolita Cassard, vingt ans, en veut au monde entier, parce qu'elle ne ressemble pas aux filles des magazines, et aimerait tellement se trouver belle, au moins dans le regard de son père, trouver son regard tout simplement. Etienne Cassard regarde peu les autres, parce qu'il se regarde beaucoup lui-même et qu'il se sent vieillir. Pierre Miller, un écrivain, doute de ne jamais rencontrer le succès, jusqu'au moment où il rencontre Etienne Cassard. Sylvia Miller, un professeur de chant, croit en son mari, en son talent, mais doute du sien et de celui de son élève Lolita, jusqu'au moment où elle se rend compte qu'elle est la fille d'Etienne Cassard, cet auteur qu'elle admire tant. C'est l'histoire d'êtres humains qui savent très bien ce qu'ils feraient s'ils étaient à la place des autres mais qui ne se débrouillent pas très bien à la leur, qui la cherchent tout simplement.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Le talent du couple de scénaristes Jaoui/Bacri n'est plus à démontrer. Encensés à chaque nouvelle collaboration, ils sont considérés comme la valeur sûre d'un cinéma français de qualité, d'un esprit aussi bourgeois qu'ironique. Et pourtant, cette maîtrise de la plume, qui débouche invariablement sur des répliques assassines et une nouvelle vacherie du personnage grognon que Jean-Pierre Bacri affine jusqu'à la perfection, elle nous a laissé dans le passé plus admiratifs qu'emballés. En effet, alors que l'esprit abonde dans leurs films, Jaoui & Bacri n'avaient pas réussi, jusqu'à présent, de créer une oeuvre à la fois vive d'intelligence et de coeur, qui en dirait plus sur la condition humaine que sur l'auto-suffisance intellectuelle.
C'est désormais chose faite, grâce à cette ode consacrée à l'imperfection humaine. Parmi la demi-douzaine de personnages qui forme le centre de cette oeuvre chorale, il n'y en a pas un seul qui remporterait notre adhésion ou notre volonté d'identification. Ils sont tous pitoyables, d'un point de vue ou d'un autre, dans leur quête de reconnaissance artistique ou amoureuse. Cependant, la finesse de l'écriture et le passage incessant de l'un à l'autre ne nous donnent pas l'occasion de les trouver ridicules, au contraire, leur profonde médiocrité en termes humains les rend presque attachants. L'ironie reconnue des scénaristes a alors changé de camp et elle vise dès lors l'aspect tragique et comique de la condition humaine, ainsi que la profonde injustice de cette dernière. Comment expliquer sinon que le personnage le plus honnête et sincère (Sébastien) a le plus mauvais rôle, alors que la crapule dans l'histoire (Etienne) savoure un moment de grandiloquence après l'autre ?
Au bout du compte, Jaoui & Bacri ont réussi à casser le moule confortable dans lequel ils s'apprêtaient à s'installer. Alors que la mise en scène d'Agnès Jaoui, seule, est convenable, en dépit d'une ou deux petites séquences pas forcément indispensables, et d'une structure parfois trop flottante, la qualité principale reste l'originalité et le mordant du scénario. Plus près de la vie, avec son nombre incalculable d'aspirations inassouvies et de frustrations, le célèbre couple a peut-être trouvé sa véritable voix dans ce constat doux-amer qui évite, dans le ton, autant la complaisance que l'apitoiement.

Vu le 17 novembre 2004, au Publicis Cinémas, Salle 2

Note de Tootpadu: