Life without death

Life without death
Titre original:Life without death
Réalisateur:Frank Cole
Sortie:Cinéma
Durée:82 minutes
Date:16 janvier 2002
Note:
Après la disparition de son grand-père, Frank Cole est bouleversé au point de vouloir lui-même affronter la mort. Pour le faire, il se prépare pendant quatre ans afin de traverser tout le Sahara, d'ouest en est, à dos de chameau. Son périple durera plus de six mois au cours desquels il devra souvent affronter son ennemi juré, l'abandon de la vie.

Critique de Tootpadu

Le sujet de ce documentaire à fort caractère personnel n'est pas de témoigner d'un voyage ethnique ou touristique, mais plutôt de rendre compte d'un affrontement constant entre le cinéaste Frank Cole et la mort, personnifiée par le désert et tous les dangers qu'il héberge. Cheminement personnel proche de l'exorcisme, le but du voyage est simplement de ne pas y rester, de rester vivant jusqu'à la fin du périple, imprévisible et incertaine. Ainsi, les faits marquants ne sont guère les rencontres ou les étapes dans des lieux habités, mais les moments de solitude, de désespoir face au manque d'eau, la peur de se faire attaquer par des bandits, la lente décomposition et l'épuisement du corps, et enfin, la panique de s'être perdu une fois de plus. Dans ce sens, les nombreux cadavres qui longent la route mentale de Cole sont comme des rappels constants à ce que la mort guette à chaque instant, que la partie de ce jeu existentiel n'est remportée qu'à l'arrivée à la mer rouge.
Désormais un film testament, puisque Cole a été assassiné lors de la réitération de son exploit fin 2000, c'est cependant une affirmation féroce de la vie qui le caractérise. Nullement macabre, le documentaire est le témoignage d'une lutte volontaire pour la survie, d'une mise en danger permanente afin de valoriser encore plus le simple fait d'être en vie. Bien que les motivations de Cole puissent paraître narcissiques et futiles, son projet, et à plus forte raison, son accomplissement imposent le respect. Mener volontairement une telle vie précaire, loin de toute civilisation, constamment en lutte avec les éléments, est tout aussi fascinant qu'effrayant pour les citadins dorlotés que nous sommes.
Pour un voyage aussi long, la durée du film paraît curieusement courte, comme si Frank Cole n'avait pas les moyens financiers ou plus la ténacité d'approfondir les résultats de sa quête. Peu locace sur sa propre personne en dehors du traumatisme de la mort de son grand-père et ses inquiétudes pendant le voyage, le réalisateur reste en effet un être opaque. Il n'est point question de mettre en doute l'ampleur de son accomplissement, ni les préoccupations très basiques qui l'y ont poussé, mais à force de vouloir aspirer à un niveau presque universel, dépourvu de tout sauf l'envie de rester en vie, Frank Cole risque d'apparaître comme un forcené. Après tout, quoi de mieux pour relever ce pari fou ... ?

Vu le 16 août 2004, au MK2 Hautefeuille, Salle 4, en VO

Note de Tootpadu: