Just a Kiss

Just a Kiss
Titre original:Just a Kiss
Réalisateur:Ken Loach
Sortie:Cinéma
Durée:104 minutes
Date:14 juillet 2004
Note:
Casim habite avec ses parents et ses deux soeurs à Glasgow. Alors qu'il rêve d'ouvrir sa propre boîte de nuit en tant que DJ, il rencontre par hasard Roisin, la jeune prof de musique de sa soeur. Une romance naît entre le jeune homme pakistanais et la femme divorcée, d'origine irlandaise. Mais l'attachement de Casim à sa famille, qui lui a déjà arrangé le mariage avec une cousine venue du pays, met constamment en péril cette relation fragile.

Critique de Tootpadu

Par une coïncidence de l'agenda des sorties, un deuxième film sur les problèmes d'adaptation des enfants d'immigrés nous provient pratiquement en même temps que Head-On. Egalement présenté au festival de Berlin, ce nouveau drame de Ken Loach se tourne vers un milieu social pas souvent sollicité par le réalisateur engagé britannique. Oubliés les soucis d'argent et les histoires de syndicat et de perte d'emploi, passées de mode les biographies de combattants révolutionnaires, non, l'enjeu principal ici est la recherche de l'identité et le manque de repères dans une société éclatée. Le chagrin dont souffrent ici les personnages n'est pas d'origine matérielle, mais un chagrin d'amour, causé par un manque de tolérance et un certain intégrisme des deux côtés du conflit. Ainsi, les moyens sont bien disponibles pour des vacances en Espagne ou la rénovation d'un hangar, par contre, ce virement vers l'aisance bourgeoise n'est guère accompagné d'un état d'esprit plus ouvert et moins sectaire.
C'est donc une fois de plus à la nature humaine que s'attaque Ken Loach et, débarrassé des artifices socialistes, il nous montre un couple ordinaire, ne serait-ce que par son appartenance culturelle et religieuse, dont la fragilité est touchante. En effet, dans la situation délicate et pratiquement sans issue qui est la leur, Roisin et Casim sont loin d'être des héros, des exemples de sagesse et de courage. Au contraire, étape par étape, une déception après l'autre, c'est leur union qui dégage plus de force que chacun de ses parties. Leur banalité les rend alors plus accessibles, et accorde une valeur d'universalité à leur récit douloureux mais pas sans espoir qui aurait très bien pu se transformer en indifférence.
Car à travers une mise en scène déterminée et toujours aussi sobre et proche de ses comédiens, et une écriture qui nous arrache des larmes lors de scènes qui ne devraient pourtant plus retenir de secrets pour nous, cette revendication sociale est empreinte d'une humanité devenue trop rare au cinéma, caractérisée par des émotions fortes, des sujets sans réponse facile et, cerise sur le gâteau, un humour pince-sans-rire du plus bel effet.
Décidément, et dans la limite des films que l'on a vu de lui, notre Ken Loach préféré jusqu'à présent, et pas seulement parce que le sujet, à deux, trois modifications près, nous touche personnellement.

Vu le 9 août 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 9, en VO
Revu le 16 août 2004, au MK2 Bibliothèque, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: