Vendues

Vendues
Titre original:Vendues
Réalisateur:Jean Claude Jean
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:16 juin 2004
Note:
Sept femmes de l'Europe de l'Est embarquent dans un mini-bus. Leur destination : la France. La raison : alimenter un réseau de prostitution qui opère près de Marseille. Alors que les femmes se sont engagées volontairement, avant tout pour des raisons financières, elles doivent vite se rendre compte que leur périple consiste en une série sans fin d'humiliations et d'abus.

Critique de Tootpadu

L'égarement, c'est le mot qui nous vient à l'esprit pour résumer ce film qui a tout d'une première oeuvre, mais qui apparemment n'en est pas. L'égarement des personnages d'abord, qui parcourent un trajet plein de désolation, de tristesse et d'absence des valeurs les plus basiques. Traitées comme de la viande fraîche, les sept femmes sont forcé de subir tout le calvaire des prostitués sans défense. A la merci des quatre hommes qui les accompagnent, dont un seul prend plus ou moins leur défense, elles traversent un purgatoire pour arriver jusqu'au paradis illusoire de la France. Car, dès qu'elles ont mis pied dans le bus, elles ont échangé l'enfer de la pauvreté et de l'absence de perspective chez elles, contre l'incertitude du trottoir où seuls le client et le proxénète font la loi. Cette impression de résignation et de peur face à une situation qui leur échappe désormais, le film la traduit efficacement à travers quelques scènes pénibles d'une violence physique et psychique ordinaire.
Par contre, il y a aussi un certain égarement du côté de la mise en scène qui mélange pas toujours adroitement la stylisation et l'écriture plus crue. En dehors de l'abus du ralenti (un outil que l'on trouve particulièrement exécrable), ce sont les répliques pas toujours compréhensibles et la musique trop démonstrative qui déconcertent. On a donc du côté positif des scènes d'une cruauté tangible et quelques moments de poésie, comme les passages du paysage défilant derrière la vitre du bus. Mais pour chacune de ces parties réussies, Jean Claude Jean nous inflige une structure et une forme plutôt faiblardes et mal assurées. Alors que les femmes restent des victimes sommaires, les hommes ne sont guère mieux traités puisqu'ils demeurent à un stade de bourreau salace. Au moins les deux personnages masculins plus modérés (le chauffeur (Sylvain Jacques) et l'ancien soldat russe(Sacha Iakovlev)) auraient mérité plus de définition et de motivation du point de vue scénaristique.
Un sujet porteur et malheureusement plus que jamais d'actualité trouve ici une approche pas entièrement ratée, mais qui manque de force et de fermeté pour nous accrocher à cet univers désastreux.

Vu le 5 août 2004, au Cinéma des Cinéastes, Salle 1

Note de Tootpadu: