Un mariage à Boston

Un mariage à Boston
Titre original:Un mariage à Boston
Réalisateur:Joseph L. Mankiewicz
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:07 juillet 2004
Note:
Boston en 1912, du côté huppé de la ville. George Apley est un défendeur farouche des valeurs traditionnelles et s'applique au maintien de l'ordre moral et social à travers sa participation dans de nombreux associations et comités. Pourtant, l'image bien ordonnée qu'il se fait du monde est sérieusement perturbée par une série d'événements qui commencent le jour typique des traditions, Thanksgiving. En effet, à la fois le fils et la fille de l'honorable Monsieur Apley sont tombés amoureux d'individus étrangers au cercle vertueux et fier de son histoire de la haute société de Boston. D'abord hostile à tout compromis et à toute ouverture vers ces intrus, George Apley doit finalement admettre que ce vent de jouvence n'a pas que des mauvais côtés.

Critique de Tootpadu

Pour la première fois distribué au cinéma en France, ce conte social du début de la carrière de Joseph L. Mankiewicz s'avère être une surprise agréable. Savamment partagé entre un charme vieillot et un humour ironique subtil, le récit dresse le portrait finalement attachant d'un patriarche engoncé dans ses valeurs un peu poussiéreuses et une préoccupation anachronique pour l'intégrité de son cadre social traditionnel, voire sectaire. Pendant les premières minutes, on s'attend à une histoire à la naphtaline soporifique, tellement le personnage d'Apley excelle dans l'étalage de ses habitudes et de ses convictions. Toutefois, l'arrivée des invités de la fête familiale introduit assez d'éléments perturbateurs, avec ses reproches ironiques, entre autres, pour déranger la certitude du protagoniste et dissiper notre crainte. Par la suite, le film garde un rythme noble, mais pas lent, et accompagne d'une façon plus intellectuelle qu'émotionnelle la transformation progressive du vieil homme respecté.
Même s'il dispose au mieux en germe des futures facultés du maître Mankiewicz, ce troisième film du réalisateur est une observation intelligente des conflits entre les générations. Volontairement vieux jeux dans le choix de son cadre, le récit s'ouvre des horizons plus universels en racontant une histoire qui paraît tellement ancienne qu'elle devient intemporelle. En effet, les raisons des disputes ont évoluées en pratiquement un siècle, mais la séparation entre les générations demeure.
Alors que l'origine théâtrale de l'oeuvre transparaît par moments, le jeu des acteurs n'a rien d'exagéré. Surtout Ronald Colman, une vedette d'antan dont on ne se souvient plus tellement de nos jours, campe une figure paternelle convaincante, dont les dilemmes intérieurs trouvent un chemin sophistiqué à l'écran.
Loin d'être un chef-d'oeuvre, ce témoignage sur les débuts d'un des meilleurs réalisateurs cérébraux intrigue tout de même par son intelligence, son humour piquant et ses thèmes pas du tout démodés.

Vu le 27 juillet 2004, à la Pagode, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: