Métisse

Métisse
Titre original:Métisse
Réalisateur:Mathieu Kassovitz
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:18 août 1993
Note:
Lola, une jeune métisse parisienne, aime autant Jamal, un fils de diplomate africain, que Félix, un petit jeune de la banlieue, d'origine juive. Alors, elle fréquente les deux, sans que l'un ne soit au courant de l'existence de l'autre. Cette double vie fonctionne très bien pendant un an, jusqu'à ce que Lola tombe enceinte. Incapable d'affirmer qui des deux est le père, elle les met au courant en même temps. D'abord dépités de cette situation doublement embarrassante, les deux jeunes hommes quittent Lola. Mais rapidement, d'abord Jamal, puis Félix, ils reviennent pour former un ménage à trois improbable.

Critique de Tootpadu

Découvrir le premier film d'un cinéaste qui a depuis, au bout d'une dizaine d'années et de quatre autres films, perdu beaucoup de sa verve est aussi triste qu'encourageant. Triste, parce que les qualités indéniables de cette comédie plein d'énergie se sont par la suite transformées en des tics stylistiques forcés au sein du travail ultérieur de Kassovitz. Et encourageant, parce qu'il reste un espoir que le parcours de ce réalisateur français néanmoins prisé reviendra un jour, sous une forme différente, certes, à ces premières amours enragées. Dans l'état, et à défaut d'avoir vu La Haine en entier, et pas seulement à travers de nombreux extraits dans des encore plus nombreux exposés universitaires d'une génération marquée par ce film de banlieue, le constat reste sans appel : Métisse est de loin le meilleur film de Kassovitz.
Il s'agit ici en fait d'un film de ceux que l'on ne fait, déjà, presque plus. De ceux, à l'image des premiers films de Cédric Klapisch, qui sont des reflets d'une certaine époque, d'une certaine génération encore assez insouciante et joyeusement bordélique. On ressent cette exubérance juvénile dans la mise en scène, à la fois inventive et maladroite, que ce soit dans ce plan-séquence un peu trop démonstratif, ou dans des cycles rythmés avec élégance par des images récurrentes (un personnage sous la douche). Cette insouciance qui se traduit par une envie folle d'expérimenter, s'est malheureusement trop rapidement dégradée en maniérismes dans les films suivants de Kassovitz. Alors qu'ici, elle est encore le garant d'une forme toute aussi noble que le propos très tolérant du film.
Si la carrière du réalisateur en tant qu'acteur a été plus recommandable par la suite, on ne peut malheureusement pas en dire autant de celle de Hubert Koundé. Affichant ici des airs d'une sorte de Sidney Poitier à la française, ce jeune acteur d'origine africaine n'a pas su ou pu trouver des rôles aussi parfaits après. Et ne parlons même pas du centre d'intérêt et d'affection, Julie Mauduech, qui devra se contenter d'être la vraie Mme Kassovitz.

Vu le 15 avril 2005, au Forum des Images, Salle 300

Note de Tootpadu: