Alexandrie ... New York

Alexandrie ... New York
Titre original:Alexandrie ... New York
Réalisateur:Youssef Chahine
Sortie:Cinéma
Durée:133 minutes
Date:07 juillet 2004
Note:
Le célèbre réalisateur égyptien Yehia se rend à New York pour un hommage que lui rend le Lincoln Center. Il y retrouve Ginger, le grand amour de son année d'études en Californie. Ce qu'il ne sait pas, c'est que Ginger a eu un enfant de lui qui est le premier danseur du ballet de la ville. Face à cette nouvelle, le vieil homme se remémore sa période d'apprentissage, un temps où il aimait encore profondément les Etats-Unis, qu'il critique maintenant en raison de leur politique au proche orient.

Critique de Tootpadu

Dans son dernier film fortement autobiographique, Youssef Chahine crie son amour pour l'Amérique, tout en modérant son attachement par une mise en critique virulente du soutien américain pour Israël. De cette dualité, de cet amour du passé qui ne trouve plus le moyen de communiquer avec l'Amérique du présent, symbolisée par le fils arrogant, et de cette haine de tous les fléaux du pays des opportunistes, naît un film d'une grande subtilité, d'une force vive qui nous arrache des larmes autant qu'elle nous épate par ses choix judicieux et personnels. A ce sujet, l'emploi de la langue arabe partout, sauf pour un chant américain des plus patriotiques, peut paraître étonnant, mais considéré d'un point de vue militant, cette disposition couramment employée dans l'autre sens (la planète entière parle anglais) n'a plus rien d'incongru. De même, le manque de moyens apparent ne fait que renforcer l'expérience cinématographique, le désir d'un artiste de créer du faire-semblant qui exprime sa propre passion, qui raconte son histoire personnelle et douloureuse.
D'ailleurs, c'est dans cette optique bien trop nombriliste que réside la seule faiblesse du film. A force de se prendre pour un génie, le double éqyptien d'un Welles, le narcissisme de Chahine peut agacer à la longue. Mais à part ce détail important sans être primordial, le film est une véritable célébration de l'amour, de la terre d'accueil, de l'art.
Ni une comédie musicale, ni un film de ballet, ni un manifeste politique, ni un mélodrame, le film prend cependant le meilleur de toutes ces formes d'expression personnelle pour en faire quelque chose de très beau, de très vivant, de très indécis entre les voies faciles d'opinion que tente à nous imposer le monde, à la fois occidental et oriental.

Vu le 19 juillet 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 9, en VO

Note de Tootpadu: