Casino

Casino
Titre original:Casino
Réalisateur:Martin Scorsese
Sortie:Cinéma
Durée:178 minutes
Date:13 mars 1996
Note:
Au début des années 1970, Sam "Ace" Rothstein, un parieur chévronné, est dépêché à Las Vegas par la mafia pour y diriger leur nouveau casino, le Tangiers. Assisté par Nicky Santoro, son homme de main violent et imprévisible, il fait fortune et pour lui et pour ses puissants commanditaires. Son mariage avec la prostitué de luxe Ginger est également basé sur l'argent, puisqu'il tente de la rendre fidèle avec des bijoux et des millions de dollars déposés à la banque. Ce beau rêve commence à dégringoler lorsque Nicky devient un indésirable sur le circuit des casinos en raison des ses affaires louches.

Critique de Tootpadu

Martin Scorsese aime l'excès. Quoi de plus naturel alors que de terminer son illustre collaboration avec Robert De Niro au bout de huit films et de célébrer la dernière association entre De Niro et Joe Pesci avec un opus démesuré sur la mafia à Las Vegas ? Avec une durée de pratiquement trois heures son film le plus long à ce jour, cette nouvelle descente aux enfers de la violence, de l'argent, du crime organisé et de la prostitution a cependant perdu beaucoup de la verve du début de la carrière du cinéaste. Essentiellement une répétition moins inspirée et moins frénétique des Affranchis, le film peine à trouver son rythme et fait preuve d'une absence sensible de moments forts.
Bien que Scorsese n'ait jamais été un réalisateur très habile dans la création d'emotions, il a su, dans ses meilleurs films, soulever le souffle d'une narration élégante et prenante. Il n'en est malheureusement rien ici, car au lieu de laisser le récit se développer majestueusement sur la durée, il préfère le morceler sur le sentier battu de la tragédie (l'ascension, la gloire, la chute). En plus, le film souffre d'un déséquilibre désagréable entre l'agression permanente de l'oreille, à travers un nouveau morceau de musique toutes les trente secondes et une profusion de voix-off, et le repos involontaire de l'oeil. Casino constitue le début d'un nouveau cycle esthétique dans la filmographie de Scorsese. Finis les mouvements de caméra incessants et le montage frénétique qui cachaient avec panache les faiblesses du scénario dans Les Affranchis, terminés les compositions de plan bizarres dans Les Nerfs à vif qui comportaient une efficacité insoupçonnée : l'heure est désormais au vide pictural, à l'enchaînement de plans anodins et au montage factice. C'est presque comme si Scorsese avait perdu confiance en le pouvoir de ses images d'antant, comme s'il voulait compenser le caractère quelconque de ses cadrages par un travail surchargé pour la bande son. Même l'opulence des décors, qui avait encore fait illusion dans son film précédent, Le Temps de l'innocence, ne traduit plus que le manque de rapport entre l'attachement au détail et la conception de l'ensemble.
Si De Niro et Pesci reprennent presque intégralement les rôles de leurs films antérieurs, la prestation de Sharon Stone est trop inégale pour convaincre. D'abord le symbole même du charme intéressé, elle glisse rapidement dans les affres de l'exagération avec ses crises de nerf répétitives. Ainsi, son meilleur rôle à ce jour reste dans Basic instinct - d'où probablement sa persévérance d'en faire la suite - et le seul autre bon film dans sa filmographie demeure Total Recall.

Revu le 18 avril 2005, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: