Akilla's Escape

Akilla's Escape
Titre original:Akilla's Escape
Réalisateur:Charles Officer
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:00 0000
Note:

Au cours de ce qui est censé être un transfert de routine, le trafiquant de drogue Akilla Brown est pris dans un violent cambriolage et capture l'un des adolescents voleurs. Quand Akilla découvre que le gang du garçon est lié à l'organisation criminelle dans laquelle il est tombé quand il était enfant, il se sent obligé d'aider le garçon à survivre - et à s'échapper comme il n'a jamais pu le faire.

Critique de Mulder

Après avoir été présenté dans le cadre du programme Planet Africa au Festival international du film de Toronto 2020, le second film de Charles Officer, 12 ans après Nurse Fighter Boy (2008) a également été présenté récemment dans le cadre du Santa Barbara International Film Festival (SBIFF) et nous avons ainsi pu le découvrir. Il est intéressant de voir que malgré les excellentes critiques suite à sa première mondiale ce film n’a pas encore été distribué aux Etats-Unis et en France car il mérite amplement d’être découvert.

La cadre de l’action se déroule dans le Toronto d'aujourd'hui et le Brooklyn des années 1990 et nous montre le passé du trafiquant de drogue Akilla Brown (Saul Williams) et les répercussions que celui-ci a de manière originale sur son présent. En mettant au centre du récit le passage à l'âge adulte, le film traite intelligemment de la violence sociale et des conséquences qu'elle a sur la vie des afro-canadiens. Alors qu’Akilla est un trafiquant de marijuana qui a réussi à créer un véritable empire est le fait de prendre sa retraite à la suite de la légalisation, il va sentir obliger suite à un braquage, qui s’est mal déroulé dans une de ses bases, d'empêcher un jeune garçon (Thamela Mpumlwana) d'être entraîné dans une vie de crime et de suivre la même vie que lui en marge de la société et en vivant constamment avec la peur de se faire attaquer.

En s'inspirant de la répression policière contre le chapitre torontois de la bande criminelle Shower Posse, Akilla's Escape repose sur une interprétation solide et surtout un sens parfait du tempo pour mettre en parallèle deux époques distinctes chacune ayant la même importance. En expliquant mieux le passé d’ Akilla Brown on comprend mieux ce qui l’anime à vouloir sauver ce jeune adolescent qui lui renvoie une image de lui-même. Il est également intéressant de voir que la juxtaposition du personnage Akilla Brown à l’âge adulte et enfant renforce l’aspect dramatique du film et transforme le film d’un simple braquage qui a mal tourné en un film sur la seconde chance, la transmission du pouvoir et la virilité d’un homme qui se voit contrarié par ses fantômes du passé.

De la même manière la musique originale du film produite par Saul Williams rajoute à ce film une valeur ajoutée indéniable retenant encore plus notre attention sur le déroulement de l’histoire et le côté hypnotique des personnages. Dès la première scène dans laquelle on découvre le personnage Akilla qui danse seul on comprend que celui-ci est à part et on comprendra mieux sa manière de vivre à travers les flashbacks de son passé.

La mise en scène très inspirée de Charles Officer (également co-scénariste) se révèle astucieuse et parfaitement chorégraphiée. Elle place les spectateurs dans un contraste saisissant en gardant en tête en permanence le fait que la Jamaïque et la culture des gangs est liée de manière fort à l’histoire de la politique mouvementée de ce pays. La violence semble faire partie intégrante de l’ADN de ces différents gangs et surtout une volonté de devenir riche à tout prix et de gagner en importance. Akilla’s escape s’impose par sa manière constante de rester réaliste et de donner à ses personnages une réelle importance. L’aspect visuel et l’énergie constante qui marque ce film en fait aisément un film à part même si celui-ci reprend certaines thématiques vues dans d’autres films. On pensera notamment à L’impasse (Carlito’s Way) (1994) de Brian De Palma par sa fin tragique et libératrice.

En s’appuyant sur un casting solide qui comprend également Vic Mensa, Oluniké Adeliyi, Ronnie Rowe, Theresa Tova, Brandon Oakes et Colm Feore, Akilla's Escape mérite amplement d’être projeté au cinéma et non une sortie direct vidéo qui ne rendrait pas service à un film qui mérite d’être découvert dans d’excellentes conditions.

Akilla's Escape
Un film de Charles Officer
Produit par Jake Yanowski
Scénario de Charles Officer, Wendy "Motion" Brathwaite
Avec Saul Williams, Thamela Mpumlwana, Donisha Prendergast, Vic Mensa, Ronnie Rowe Jr., Olunike Adeliyi, Colm Feore, Bruce Ramsay, Shomari Downer
Musique de Robert Del Naja, Saul Williams
Directeur de la photographie : Maya Bankovic
Montage : Andres Landau
Production : Canesugar Filmworks
Distribution : Vertical Entertainment Level Film (USA)
Date de sortie : 12 septembre 2020 (Canada)
Durée : 90 minutes

Vu le 5 avril 2021 (SBIFF)

Note de Mulder: