Là-haut - Un roi au-dessus des nuages

Là-haut  -  Un roi au-dessus des nuages
Titre original:Là-haut - Un roi au-dessus des nuages
Réalisateur:Pierre Schoendoerffer
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:05 mai 2004
Note:
En 1977, le réalisateur Henri Lanvern, un ancien combattant d'Indochine, part tourner un film en Thaïlande. Quelques jours après son arrivée, il disparait, jusqu'à la nouvelle de son arrestation en tant qu'espion par les Viêt-namiens. A Paris, une jeune journaliste enquête sur ce fait improbable et remonte jusqu'aux services secrets de l'armée auxquels Lanvern est lié indirectement par son séjour en Asie vingt ans auparavant.

Critique de Tootpadu

L'honneur, l'attachement à la patrie, la duplicité de l'appareil militaire : décidément, pour son premier film en plus de dix ans, Pierre Schoendoerffer ne change pas les thèmes qui ont régi toute son oeuvre auparavant. Ainsi, il y est toujours question d'individus meurtris par la guerre, qui se feront finalement écraser par le fonctionnement de la machine militaire, qui, elle, est toujours aussi arbitrairement dirigée par des hommes aux choix discutables. La constance du propos trouve cependant ici une forme particulière, voire étonnante.
En effet, la structure riche en renvois et citations s'affiche comme un grand effort de boucler la filmographie de Schoendoerffer, d'opérer un grand revirement pour se retrouver à l'époque de La 317ème section, amplement repris ici et adapté au point de vue des hommes désormais vieux et en fin de carrière. Ce procédé de juxtaposition, d'échange incessant entre les images d'époque et celles d'un passé plus proche constitue la véritable singularité du film, son véritable intérêt. Le texte filmique autrement dépourvu de clareté, tellement l'enquête semble piétiner et jamais atteindre le nerf vital de l'affaire, gagne alors considérablement en profondeur, au point de faire entendre par intermittences un ton certes très alambiqué, mais d'un esprit interrogatif et ludique à la fois. Si seulement le cinéma français se permettait plus souvent de tels détours, un peu vieillots, peut-être, mais sans aucun doute l'expression d'un style personnel fort.
Malgré ses quelques qualités discursives, le film souffre de certains défauts presque impardonnables en vue de leur grossièreté et de leur persistance. A commencer par cette suite d'anachronismes ahurissants, au point de se demander si l'apparition de voitures et autres bus du XXIème siècle n'est pas plutôt due à la volonté affirmée du réalisateur qu'aux limites du budget. Serait-ce pour sous-entendre que le camouflage amateur des rues de Paris par une poignée de véhicules des années 1970 fait office de symbole pour les mensonges d'Etat à peine cachés de l'histoire ? En tout cas, ces distractions probablement involontaires ajoutent encore un angle de lecture supplémentaire à un film intéressant, mais trop laborieux pour convaincre entièrement.

Vu le 25 mai 2004, à l'UGC Convention, Salle 3

Note de Tootpadu: