Petits meurtres d'Amérique

Petits meurtres d'Amérique
Titre original:Petits meurtres d'Amérique
Réalisateur:Robert Morin
Sortie:Cinéma
Durée:89 minutes
Date:05 mai 2004
Note:
A la campagne québécoise, un jeune noir a été tué par un policier en légitime défense. Le lendemain, le corps d'une vieille dame qui n'habitait pas loin des lieux du drame est trouvé. L'inspecteur Garry Racine, tout près de la retraite, mène l'enquête auprès du petit groupe de personnes qui ont vu la victime la nuit de sa mort. Au fil des interrogatoires, un lien compromettant et hideux se tisse entre les deux événements.

Critique de Tootpadu

Judicieusement sous-titré, ce petit polar traite du racisme au quotidien de façon convenable, mais en s'appuyant trop souvent sur des stéréotypes. Alors que la victime, le jeune noir, revêt un caractère universel par son mutisme jamais expliqué, et que le commissaire revèle des traits masochiste troublants, l'ensemble des autres personnages est constitué de brutes plus ou moins épaisses. Critiquer ce genre de personnes et insister sur leur préoccupations premières, loin de toute civilisation, n'a rien d'original et atténue en quelque sorte l'impact moral et social que cette histoire aurait pu avoir.
De même, la construction de l'affaire qui reconstitue tel un puzzle le déroulement de la nuit fatidique, peine à nous enthousiasmer, tellement les révélations manquent à la fois dans la forme et dans le fond leur potentiel hypothétique. L'interruption de l'enquête fastidieuse par des séquences caricaturales sur fond musical, d'ailleurs plus près de la réalité que tous les témoignages réunis, s'avère une idée qui casse inutilement à la fois le ryhtme et le ton du film. Constamment déchiré entre la banalité et la cruauté du crime et l'exagération des séquences lyriques et certains traits de caractère des personnages, la réalisation y perd le peu de singularité et d'entrain dont elle disposait pour commencer.
Les bonnes intentions y sont, et aussi une structure qui sonnait certainement plus prometteuse sur le papier, en dépit de sa charge référentielle considérable, mais cela ne suffit pas pour faire un film réussi. Certes, on a appris que les Canadiens sont encore plus inintelligibles lorsqu'ils jurent, et on ne s'est pas réellement ennuyé, cependant, un sujet aussi essentiel que le racisme aurait merité un traitement bien plus efficace.

Vu le 24 mai 2004, au Cinéma des Cinéastes, Salle 3, en VQ

Note de Tootpadu: