Notre musique

Notre musique
Titre original:Notre musique
Réalisateur:Jean-Luc Godard
Sortie:Cinéma
Durée:79 minutes
Date:19 mai 2004
Note:
Premier royaume : l'enfer. Des images de guerre, de destruction, de mort. Pardonnez-nous nos offenses, comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Deuxième royaume : le purgatoire. Un salon de livres à Sarajévo. Une pigiste israélienne qui veut organiser une discussion entre des hommes justes dans son pays. La conférence d'un vieux cinéaste qui n'a pas de réponse à la question de la survie du cinéma grâce à la vidéo numérique. Trois indiens d'Amérique qui errent dans le pays encore dévasté par la guerre, entre une bibliothèque improvisée et un pont en reconstruction. Troisième royaume : le paradis. La forêt. Un fleuve. Une des filles du purgatoire et des soldats.

Critique de Tootpadu

La quête cinématographique de Jean-Luc Godard paraît désormais se scinder en deux courants distincts qui cohabitent tant bien que mal ensemble. D'abord, la réappropriation de l'image filmique d'autrui, sa mise en série, son altération, son analyse. Cette démarche théorique qui s'appuie cependant sur du concret et qui fonctionne comme une sorte de mémoire vivante de notre collectif visuel trouve son application dans la première partie du film. Bien trop courte avec à peine dix minutes, elle est à la fois belle et hypnotisante dans sa forme et révoltante dans ce qu'elle montre. La multitude d'idées et de prises de position qui y sont suggérées plus qu'affirmées ne trouve malheureusement qu'un écho affaibli par la suite.
La partie centrale, de loin la plus importante, au moins en termes de durée, suit un groupe d'intellectuels à travers la ville en reconstruction de Sarajévo. Alors que le procédé du travail sur l'image n'est point repris ici, le discours théorique s'épaissit, jusqu'à une surcharge occasionnelle de sens, au bord de la prétention intellectuelle à l'état pur. On peut glaner encore des pensées d'une intelligence rare et admirer les images tristes d'une ville dominée par les ruines et les tramways d'un autre âge, mais cette stimulation intellectuelle devient à force lassante, en absence d'un plus fort ancrage poétique comme dans Eloge de l'amour, le film précédent de Godard, bien plus réussi.
En somme, un Godard mineur qui ne nous fournit pas de nouvelles clés d'interprétation ou de nouvelle voie dans l'esprit foisonnant du maître et qui aura certainement du mal à intéresser la plupart des spectateurs ordinaires, peu familier avec ce monde parfois trop riche en références.

Vu le 21 mai 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 22

Note de Tootpadu: