Filles de joie

Filles de joie
Titre original:Filles de joie
Réalisateur:Frédéric Fonteyne, Anne Paulicevich
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:22 juin 2020
Note:

Axelle, Dominique et Conso partagent un secret. Elles mènent une double vie. Elles se retrouvent tous les matins sur le parking de la cité pour prendre la route et aller travailler de l’autre côté de la frontière. Là, elles deviennent Athéna, Circé et Héra dans une maison close. Filles de joie, héroïnes du quotidien, chacune se bat pour sa famille, pour garder sa dignité. Mais quand la vie de l’une est en danger, elles s’unissent pour faire face à l’adversité.

Critique de Mulder

« Je voulais, depuis longtemps, écrire sur l’héroïsme des femmes. Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte et que j’allais avoir une fille, ça a été un choc : comment mettre une petite fille au monde quand on voit l'étendue des violences faites aux femmes ? Ça m’était d’autant plus insupportable qu’à ce moment-là, je sortais moi-même en miettes d’une relation de travail et d’amitié toxique avec un homme. Il m’avait tellement écrasée que j’ai eu, parfois, envie de me jeter par la fenêtre…» - Anne Paulicevich

Le cinéma social a pour vocation de traiter de sujets concrets sans recourir à des artifices inutiles et surtour à amener les spectateurs à la réflexion. Ecrit et coréalisé par Anne Paulicevich et Frédéric Fonteyne, filles de joie traite donc de trois femmes contraintes de se prostituer pour vivre et nourrir pour deux d’entre elles leur famille dans une ville française proche de la Belgique dans laquelle elle est exerce l’un des plus vieux métiers du monde. Malgré un budget que l’on sent réduit dû au sujet principal du film guère porteur en tant d’audience commerciale, Fille de joie mérite amplement d’être découvert notamment pour la présence pour le rôle principal féminin de Sara Forester l’une des meilleures comédiennes actuelles. Malgré la dureté de certaines images de ce film, celui-ci mérite d’être découvert pour sa présence et la force qu’elle donne à son personnage.

Certes, en cherchant à rester en permanence réaliste, le film manque cruellement d’un scénario propice à une réelle évolution des personnages et le fil conducteur du récit semble faire défiler les jours les un après les autres même si la présence de l’ex-mari du personnage d’Axelle incarné par Sara Forestier apporte à ce film le renforcement du caractère dramatique de celui-ci. On sent également que la réalisatrice Anne Paulicevich souhaite régler ses comptes avec la gente masculine et en dresse un portrait guère flatteur. On peut comprendre qu’elle souhaite faire un film mettant en avant le caractère héroïque des femmes mais beaucoup moins les portraits plutôt défavorables qu’elle fait des hommes, que cela soit le mari de Dominique (incarné par Sergi Lopez), l’ex-mari d’Axelle, un proche de Conso.. Avec un tel sujet, le réalisateur Ken Russell avait fait en 1984 un film coup de poing, Les jours et les nuits de China Blue dans lequel la comédienne Kathleen Turner incarnait également une femme à la double vie mouvementée (styliste et prostituée).

Filles de joie dresse également un triste portrait de notre société actuelle dans laquelle plusieurs personnes n’ont d’autres moyens pour survivre que de vendre leur corps et perdre ainsi une part de respect d’elle-même. Alors que le chômage se développe, qu’une pandémie a frappé le monde entier, un tel film n’aidera guère les spectateurs a retrouvé le sourire et surtout leur montrera la durée de la vie. On aurait juste aimé que ce film bénéficie d’un meilleur scénario surtout que la comédienne Sara Forester y est parfait une fois de plus.

Filles de joie
Un film de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich
Sur un scénario d’Anne Paulicevich
Avec Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne, Nicolas Cazalé, Jonas Bloquet, Sergi López, Salomé Dewaels, Jérémie Petrus
Directrice de la Photographie : Juliette Van Dormael
Montage : Damien Keyeux et Chantal Hymans
Musique : Vincent Cahay
Coproducteur : Olivier Bronckart, Yaël Fogiel, Laetitia Gonzalez et Nathalie Vallet
Producteur associé : Philippe Logie, Arlette Zylberberg, Tanguy Dekeyser, Anne Paulicevich et Frédéric Fonteyne
Producteur délégué : Jacques-Henri Bronckart
Producteur exécutif : Gwennaëlle Libert
Société de production : Versus Production, Les Films du Poisson et Prime Time
Sociétés de distribution : KMBO
Durée : 91 minutes
Dates de sortie : 29 janvier 2020 (Bron), 22 juin 2020 (France)

Vu le 19 juin 2020 en lien presse

Note de Mulder: