Super size me

Super size me
Titre original:Super size me
Réalisateur:Morgan Spurlock
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:30 juin 2004
Note:
Inspiré par le procès de deux adolescentes obèses contre McDonald's, le réalisateur Morgan Spurlock se lance le défi de manger pendant trente jours tous ses repas chez les restaurateur rapide. Suivi par un médecin généraliste, un cardiologue et une nutritionniste, l'homme auparavant en parfaite santé développe des troubles sérieux du foie pendant l'expériment, sans parler d'une prise de poid énorme. Cette baisse du niveau physique et le développement de comportements liés à la dépendance sont mis en perspective par des entretiens et des enquêtes de terrain, dans les restaurants de la chaîne, ainsi que dans ceux d'une alimentation alternative (cantine scolaire) guère moins nocifs.

Critique de Tootpadu

Les Etats-Unis ont depuis très longtemps une image de pays où l'obésité est répandue, avec des hommes et des femmes dont la masse corporelle semble inimaginable pour des européens pourtant aussi parfois bien enrobés à force de bière ou de pâtes. Toutefois, ce documentaire, qui a eu l'énorme mérite de changer un tout petit peu les habitudes nutritionnelles outre-Atlantique, s'attaque au problème de plus en plus important d'un point de vue centré sur la consommation abusive de produits de chez McDo. En quelque sorte le régime pratiquement suicidaire du cinéaste ne fait qu'accélérer les effets néfastes d'une alimentation à base de burgers et sodas qui produirait très probablement les mêmes insuffisances physiques sur le long terme, et de façon plus larvée et, hélas, moins réversible. Il est d'ailleurs révélateur de constater que pour retrouver son poids initial, après seulement un mois de débauche, Spurlock dû suivre un régime pendant un an et demi. Quel argument plus pertinent y a-t-il pour éviter à tout prix la prise de poids abusive à partir d'une nutrition trop grasse et trop sucrée ?
Puisque le phénomène de société de la fréquentation régulière des fast foods est, pour l'instant, plus répandue aux Etats-Unis qu'en France, le discours de Spurlock s'adresse ici presque à des convaincus. Il sert cependant comme un rappel salutaire et comme une incitation très convaincante à une alimentation plus variée et plus équilibrée, ainsi qu'à la pratique d'une activité sportive régulière. Dans ce sens, la démarche du cinéaste est universelle et nous empêche habilement à pointer le doigt par rapport à un problème qui nous concerne tous. Universel, engagé, proche des préoccupations quotidiennes ..., si seulement plus de documentaires pouvaient être aussi instructifs et passionnants !
La seule véritable reproche qui convienne à l'égard du documentaire, c'est de vouloir trop en faire. Ainsi, les informations, les statistiques, les entretiens se suivent et se ressemblent pour la plupart, exprimant tous à peu près la même chose. Lorsque l'organisme de Spurlock commence à sérieusement saturer vers la troisième semaine de son expériment, l'attention du spectateur se tasse également face à un flux d'informations soutenu, sans véritable pause pour souffler et assimiler. Il manque alors une touche d'humour ou de divertissement pour aérer l'ensemble, une pratique que Michael Moore maîtrise à la perfection.
Comme le réalisateur de documentaire le plus célèbre et couronné de succès (100 Mil $ pour Fahrenheit contre 10 Mil $, toujours très respectables pour celui-ci), Spurlock aime un peu trop se mettre en scène, faire évoluer tout son film autour de sa démarche, ses sacrifices, ses trouvailles. Certes, c'est lui qui court le marathon de la mal-bouffe, mais de là à laisser de côté pratiquement tous les accros de McDo qui souffrent de pathologies semblables, la ligne entre l'information et le narcissisme risque de temps en temps d'être franchie.
Enfin, saluons les deux minutes de gloire de notre chère collègue Evelyne qui défend très bien les couleurs françaises en tant que passante interviewée devant un McDo de New York.

Vu le 26 juillet 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 13, en VO

Note de Tootpadu: