Bluebird

Bluebird
Titre original:Bluebird
Réalisateur:Jérémie Guez
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:16 juin 2020
Note:

Danny, un ancien taulard aspirant à une vie tranquille en est brutalement extrait quand la fille de sa logeuse est victime d’une agression…

Critique de Mulder

Il est très rare d’être surpris par un film et d’autant plus lorsque celui-ci ne passe pas par la case d’une projection traditionnelle dans le meilleur endroit pour découvrir un film, une salle de cinéma. Non pas que les films que l’on peut dire décevants ou n’ayant pas rencontré de bonnes critiques ou un score honorable lors de sa diffusion dans son pays d’origine sortent directement en VOD mais plutôt qu’un film avec un tel potentiel devrait déjà être partagé dans une salle de cinéma avant d’être revu en VOD ou en vidéo (avec si possible de nombreux bonus).

Bluebird écrit et réalisé par Jérémie Guez est un premier film qui ne ressemble pas réellement à un premier tant son écriture, sa réalisation, l’utilisation de la musique et surtout son interprétation font de ce film une surprise de taille. Empruntant autant au thriller, au film social qu’au western par certains côtés, Bluebird est une ode au cinéma qui capture notre attention dès la première image et nous laisse sans voix à la dernière.

Basé sur le roman de Dannie M. Martin, rejoint par sa forme le cinéma de Nicolas Winding Refn (Drive (2011)) mais aussi par ses deux personnages principaux au film Léon (1994) de Luc Besson. Une mise en scène dépouillée, des décors minimalistes (une cuisine d’un restaurant, une chambre d’un motel, une rue d’un quartier.), tout ici concourt à donner une réelle épaisseur à cet ancien prisonnier en quête de rédemption et qui souhaite passer inaperçu, travailler dur et retrouver son indépendance mais la fille de sa logeuse est en quête d’un père de substitution.

En découvrant les premières images de ce film, on pense également à ces westerns dans lesquels un étranger ayant un passé guère glorieux arrive en ville afin de se fixer et laisse derrière lui son côté obscur. Le personnage de Danny campé à la perfection par Roland Moller (les oubliés (2017), Papillon (2018), Atomic blonde (2017), The passenger (2018), Skycraper (2018)) semble s’être construit son propre univers et préféré sa solitude plus que le fait de partager avec d’autres personnes certains moments. Dans le cocon qu’il s’est construit, la jeune Clara va non seulement essayer de rentrer dans celui-ci mais surtout s’intéresser à lui. Une véritable amitié liée d’un respect commun même si le fait qu’elle parle trop dérange un peu Danny. Lorsque Clara est victime d’une agression sexuelle, le côté obscur et vengeur de Danny va refaire surface et entrainer dans son sillon une tornade de violence et surtout montrer que celui-ci a un véritable code d’honneur et est prêt à tout pour protéger ceux à qui il tient réellement.

Fascinant est le premier mot qui vient à l’esprit en découvrant ce film tant son scénariste et réalisateur accorde une place tout aussi importante à l’action, à la recherche d’un réalisme et surtout à donner vie aux personnages du roman qu’il adapte à l’écran. Lui-même écrivain, Jérémie Guez montre avec son premier film qu’il a l’étoffe d’un excellent conteur et surtout réussit à jouer avec les règles du thriller, du film social et du western pour nous livrer un film d’une force émotionnelle rare. Bluebird (A Bluebird in My Heart) fait partie de ces films qui vous restent longtemps en mémoire après l’avoir vu. Il montre qu’un film ne doit pas forcément être un déferlement visuel de violence, d’effets spéciaux outranciers ou chercher constamment à donner du prémâché aux spectateurs. Faire preuve d’originalité, réussir avec peu d’action à trouver le bon tempo pour donner vie à une histoire et surtout montrer que malgré la dureté de la vie, l’âme humaine peut être belle mais si une personne a fait de la prison et semble être en inadéquation avec son encourage.

Alors que le film aurait pu facilement donner naissance à un nouveau vigilante tel Liam Neeson dans Taken ou Keanu Reeves dans John Wick et malgré le fait que Roland Møller est façonné pour interpréter ce type de rôle, Bluebird préfère rester réaliste de part en part, montrer une amitié réelle entre une adolescente turbulente dont le père en prison ne souhaite pas se remettre avec sa mère et cet homme ordinaire que la société a brisé mais qui tente de s’accrocher au peu qu’il a. Emouvant, juste et tout simplement racé avec un esthétisme certes discret mais efficace, Bluebird s’impose comme un premier film remarquable et inoubliable que l’on reverra avec le même plaisir. Ajouter à cela la découverte d’une jeune comédienne, Lola Le Lann dont on est certain d’en entendre parler et à qui on souhaite la même carrière que Natalie Portman tant son rôle nous fait très souvent penser à la Mathilda de Luc Besson, Bluebird (A Bluebird in My Heart) est un film à découvrir en VOD que vous allez adorer. On est prêt à parier dessus.

Bluebird (A Bluebird in My Heart)
Un film écrit et réalisé par Jérémie Guez
D'après le roman de Dannie M. Martin
Avec Roland Møller, Lola Le Lann, Veerle Baetens et Lubna Azabal
Directeur de la photographie : Dimitri Karakatsanis
Montage : Didier Diependaele
Musique : Séverin Favriau
Producteurs délégués : Aimée Buidine, Jérémie Guez, Julien Leclercq et Julien Madon
Producteurs exécutifs : Philippe Guez et Stéphane Lhoest
Coproducteur : Cloé Garbay, Nadia Khamlichi, Adrian Politowski et Bastien Sirodot
Production : Atchafalaya Films, Labyrinthe Films et Umedia
Distribution : Les Bookmakers / The Jokers
Genre : Thriller dramatique
Durée : 85 minutes
Date de sortie : 16 juin 2020 (en VOD)

Vu le 16 juin 2020

Note de Mulder: