La fille au bracelet

La fille au bracelet
Titre original:La fille au bracelet
Réalisateur:Stéphane Demoustier
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:12 février 2020
Note:

Lise, 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d'avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet car elle est accusée d'avoir assassiné sa meilleure amie.

Critique de Mulder

« J’ai passé du temps en cour d’assises pour assister à des procès, m’en inspirer, et être certain de coller au maximum à la réalité. Je ne voulais pas tomber dans une vérité documentaire, mais il m’importait que ce soit crédible. Le scénario fini, je l’ai d’ailleurs fait relire par des juges et des avocats. » - Stéphane Demoustier

Pour son troisième film qu’il écrit et réalise après Terre battue (2014) et Allons Enfants (2018), Stéphane Demoustier nous livre certes un film imparfait mais passionnant et surtout reposant sur un excellent casting. On comprend aisément la volonté du réalisateur de nous livrer un film réaliste sans effets inutiles. Nous découvrons ainsi une famille dont la fille ainée est accusée d’avoir assassinée sa meilleure amie et amante.

Dès la scène d’ouverture dont on n’entendra pratiquement pas les dialogues, on découvre cette famille se reposant sur une plage isolée avant que la police vienne arrêter Lise (Melissa Guers, révélation du film). Il s’ensuit une véritable enquête et des scènes de plaidoirie dans lesquelles on en apprend plus sur les faits qui se sont déroulées et surtout sur de nombreuses zones d’ombre entourant le décès de l’amie proche de Lise.

La fille au bracelet bénéficie non seulement d’un grand soin porté à la réalisation mais surtout d’un casting parfait dans lequel on retrouve dans les seconds rôles notamment Roschdy Zem, Chiara Mastrioanni dans les rôles des parents de Lise mais aussi de Annie Mercie (l’avocate de Lise) et l’une des meilleures comédiennes françaises actuelles Anaïs Demoustier (parfaite une fois de plus).

Le scénario ne néglige à aucun moment la psychologie des personnages ni les différents éléments importants de l’histoire. Il montre une fois de plus que les apparences sont souvent trompeuses et qu’il ne convient pas d’accuser une personne sans réelle preuve . Ecartelée entre les accusations qui pèsent sur elles, des parents qui la protègent mais qui ont certains doutes et surtout sur sa liaison tumultueuse avec l’adolescente tuée, Lise nous rappelle par certains côtés l’héroïne romanesque de La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne. Le bracelet qu’elle porte semble l’accuser et la couper du monde autour d’elle.

De la même manière, on appréciera la qualité de la photographie du film et surtout le soin porté aux angles de vue afin de créer une réelle immersion des spectateurs dans cette histoire. Nous suivons cette affaire avec un réel intérêt et n’arrivons pas réellement à savoir si Lise est réellement coupable ou non.

Pourtant, la volonté du réalisateur de donner vie à une œuvre réaliste fait que le découpage du film peut en effet semble trop austère et surtout le montage trop abrupte risque de laisser de glace certains spectateurs. Ce ressenti découle aussi de l’utilisation de la musique qui aurait mérité à être revue. En effet, certaines scènes semblent trop transparentes et dénuées de force et d’émotion. Reste que la fille au bracelet est un film de qualité parfaitement interprété et dans lequel Anaïs Demoustier s’impose une fois de plus comme une grande comédienne qui préfère des films d’auteur à des films commerciaux dénués de tout intérêt.

La fille au bracelet
Un film écrit et réalisé par Stéphane Demoustier
D'après l'oeuvre de Gonzalo Tobal et de Ulises Porra
Avec Melissa Guers, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Annie Mercier, Anaïs Demoustier, Carlo Ferrante, Pascal-Pierre Garbarini, Paul Aïssaoui-Cuvelier, Anne Paulicevich, Victoria Jadot, Mikaël Halimi, Léo Moreau, Jean-Louis Dupont
Compositeur : Carla Pallone
Producteur : Jean Des Forêts, Cassandre Warnauts Jean-Yves Roubin
Producteur exécutif : Amélie Jacquis
Directeur de la photographie : Sylvain Verdet
Monteur : Damien Maestraggi
Production : Petit Film
Coproduction : France 3 Cinéma , Frakas Productions
Exportation/Distribution internationale : Charades
Distributeur : Le Pacte (France)
Date de sortie : le 12 février 2020

Vu le 22 janvier 2020 à la Maison des avocats

Note de Mulder:

Critique de Marianne Velma

Quand on évoque le terme de film de procès, on a tous dans la tête des figures du genre comme Mr Smith au Sénat de Franck Capra, Les Accusés avec Jodie Foster ou encore La Vérité de Henri-Georges Clouzot. Des classiques, qui ont fait de l’éloquence et de la poursuite de la vérité un art cinégénique. Mais ces grands films basés sur des scénarios solides et une grammaire précise du retournement de situation n’ont jamais cherché à capter la réalité d’une cour d’assise. Avec la Fille au Bracelet, Stéphane Demoustier tente lui de se rapprocher de cette approche de captation de procès.

La Fille au Bracelet ne ressemble pas pour autant à un documentaire. Stéphane Demoustier sait que la fiction doit parfois l’emporter sur le réel pour transporter les spectateurs avec lui. En plus des scènes de procès captivantes, le cinéaste filme aussi la vie familiale de son accusée encore adolescente et s’interroge notamment sur les vicissitudes de ses parents. Par petites touches, patiemment, comme un peintre pointilliste, il brosse le portrait de cette famille aux abois, dont chacun semble tenir un rôle bien précis. Un rôle clef qui se révèlera au bon moment au cours de ce procès éreintant.

Le cinéaste ne joue pas la carte du suspense échevelé. Il préfère celle plus délicate de la mise en abyme. Ainsi durant 95 minutes, le spectateur se retrouve malgré lui à la place des jurés d’Assise. Cette jeune fille qui ne laisse, presque jamais, transparaître la moindre émotion peut être avoir assassiné sa meilleure amie de sang-froid ? Stéphane Demoustier ne répondra jamais ouvertement à cette question, laissant les spectateurs se forger eux-mêmes une intime conviction et interpréter à sa manière la séquence finale.

Cette stratégie est à double tranchant. D’un côté, en nous laissant dans l’incertitude, il nous met dans une situation inconfortable tout en nous offrant une vraie matière à penser. Même longtemps après la fin du film. De l’autre, il nous prive du plaisir évident d’un récit construit, se risquant à perdre un peu de rythme au passage. Le constat est le même concernant l’accusée (Melissa Guers, belle découverte) dont on peine vraiment à comprendre le comportement, rendant difficile toute empathie pour elle.

Heureusement, la Fille au Bracelet s’appuie beaucoup sur le jeu des comédiens. Au tribunal, Anaïs Demoustier brille en avocate générale, accusatrice implacable, qui ne courbe pas l’échine devant le charisme Annie Mercier à la défense. A la barre de la famille des accusées, Chiara Mastroianni et Roschdy Zem, l’éloquence passe essentiellement par les regards. Le dosage entre les deux fait le sel de ce bon film de procès.

La fille au bracelet
Un film écrit et réalisé par Stéphane Demoustier
D'après l'oeuvre de Gonzalo Tobal et de Ulises Porra
Avec Melissa Guers, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Annie Mercier, Anaïs Demoustier, Carlo Ferrante, Pascal-Pierre Garbarini, Paul Aïssaoui-Cuvelier, Anne Paulicevich, Victoria Jadot, Mikaël Halimi, Léo Moreau, Jean-Louis Dupont
Compositeur : Carla Pallone
Producteur : Jean Des Forêts, Cassandre Warnauts Jean-Yves Roubin
Producteur exécutif : Amélie Jacquis
Directeur de la photographie : Sylvain Verdet
Monteur : Damien Maestraggi
Production : Petit Film
Coproduction : France 3 Cinéma , Frakas Productions
Exportation/Distribution internationale : Charades
Distributeur : Le Pacte (France)
Date de sortie : le 12 février 2020

Vu le 22 janvier 2020 à la Maison des avocats

Note de Marianne Velma: