Douleur et Gloire

Pour son vingt troisième film écrit et réalisé Pedro Almodovar nous livre tout simplement son meilleur à ce jour et surtout témoigne une fois de plus d’une réelle maturité d’écrire et de réalisation. Avec l’âge, l’un des plus grands réalisateurs espagnols réussi à porter un regard frais sur la créativité au point que son personnage principal, incarné par Antonio Banderas semble être son alter-ego, un grand réalisateur accablé aussi bien par la douleur que par des chagrins amoureux (comme son réalisateur, ce personnage est également homosexuel).

Ainsi après Le Labyrinthe des passions (Laberinto de pasiones) (1982), Matador (1985), La Loi du désir (La ley del deseo) (1987), Femmes au bord de la crise de nerfs (Mujeres al borde de un ataque de nervios) (1989), Attache-moi ! (¡Átame!) (1989), La Maison aux esprits de Bille August (The House of the Spirits) (1993), La piel que habito (2001), Les Amants passagers (Los amantes pasajeros) (2013), ce film marque les retrouvailles entre Antonio Banderas et Pedro Almodovar. On sent une réelle osmose entre ce comédien qui retrouve enfin un rôle à la hauteur de son talent et un réalisateur qui voit en ce comédien une sorte de reflet.

Salvador Mallo (Antonio Banderas) est un réalisateur fatigué qui s’est retiré de l’industrie du cinéma et qui préfère rester cloitrer chez lui à écrire et à ressasser son enfance vécue principalement auprès de sa mère alors que son père était souvent absent et trouvait comme seul échappatoire l’alcool à leur pauvreté. Malgré son enfance difficile le jeune Salvador Millo semble très à l’aise aussi bien avec l’écriture que les chiffres au point d’aider un jeune peintre et maçon à réparer la maison où il vit avec ses parents contre son aide pour apprendre à lire, écrire et compter. Plus tard, devenu célèbre, ce réalisateur lors d’un festival de Madrid est sollicité pour venir faire un débat après la projection de l’un de ses films et il doit pour cela renouer avec le comédien principal de ce film avec lequel il s’était fâché suite au tournage de ce film…

Pedro Almodovar n’a pas son pareil pour parler de sa ville préférée Madrid et de sujets qui lui tiennent à cœur comme sa mère, son homosexualité et l’inspiration qui semble venir et partir mais qui est pour lui le moteur non seulement de sa vie mais aussi de son équilibre. Il se dégage de ce film une véritable générosité et une vraie tendresse nourrie par le propre passé du réalisateur. Non seulement le film marque les retrouvailles entre un comédie que le réalisateur lui-même avait été le déclencheur de sa carrière internationale mais aussi une manière de mettre fin aux démons qui nourrissent aussi bien son personnage que lui-même.

Douleur et Gloire peut apparaitre comme l’œuvre testamentaire d’un réalisateur accompli qui retrouve enfin une réelle liberté artistique et qui peut s’éloigner de ses œuvres passées pour se tourner vers un avenir plus optimiste et surtout tenter réellement de nouvelles expériences. Ce n’est donc pas un pur hasard non plus que la mère du personnage principal soit tenu le temps de quelques scènes par la comédienne Pénélope Cruz, véritable muse de Pedro Almodovar.

Douleur et Gloire (Dolor y gloria)
Un film écrit et réalisé par Pedro Almodóvar
Avec Antonio Banderas, Penélope Cruz, Asier Etxeandia, Leonardo Sbaraglia, Nora Navas, Cecilia Roth, Julieta Serrano, Raúl Arévalo, Rosalía , Pedro Casablanc
Musique : Alberto Iglesias
Photographie : José Luis Alcaine
Montage : Teresa Font
Direction artistique : María Clara Notari
Décors : Antxón Gómez
Costumes : Paola Torres
Production : Agustín Almodóvar et Esther García
Société de production : El Deseo
Société de distribution : Pathé (France)
Genre : drame
Durée : 113 minutes
Dates de sortie :13 mars 2019 (Madrid); 17 mai 2019 (Festival de Cannes 2019 et sortie nationale)

Vu le 21 mai 2019 au Gaumont Disney Village, Salle 8, en VF

Note de Mulder: