Les crevettes pailletées

Après avoir obtenu le prix du jury lors du festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez en janvier dernier, le nouveau film écrit et réalisé par Maxime Covare (Toute première fois (2014), Daddy cool (2017) épaulé pour l’occasion par Cédric Le Gallo est une comédie dans l’ère du temps qui dresse un portrait attachant sur notre société actuelle. Après Le grand bain (2018) de Gilles Lellouche célébrant l’amitié entre une équipe de nage synchronisée, voici un film sur une autre équipe aquatique de water-polo gay. Les deux films qui se ressemblent par certains côtés ont pourtant leur propre message et montre une nouvelle fois la bonne santé du cinéma social. Certes l’approche ici s’apparente encore plus à une comédie dramatique et surtout à des laisser pour compte qui trouvent dans cette équipe sportive un moyen de revendiquer aussi bien leur homosexualité mais aussi de se retrouver pour partager une véritable communion.

Alors qu’on pouvait s’attendre à certains excès qui auraient eu tendance à amener à une comédie forcée et manquant de naturel, il faut reconnaitre la qualité du scénario pour aborder derrière une structure scénaristique classique, une volonté de parler franchement de sa place dans la société. Alors que le personnage principal Mathias Le Goff, vice-champion du monde de natation, est condamné en guise de punition d’entrainer cette équipe composée d’homosexuels suite à ses propos homophobes, celui-ci va arriver à une véritable ouverture d’esprit et s’attacher à ces nageurs bon-enfant. Sa remise en question lui permettra ainsi de retrouver confiance en lui mais aussi d’améliorer ses relations avec sa fille suite à la séparation avec la mère de celle-ci.

Si les crevettes pailletées retient toute notre attention, c’est que Cédric Le Gallo et Maxime Govare ont réussi à retrouver toute la force des comédies sociales britanniques (The Full Monty notamment) et au lieu de vouloir verser dans le larmoyant montre qu’un tel film est le meilleur moyen d’ouvrir les yeux aux spectateurs sur de nombreuses fausses idées reçues. Il serait ainsi trop simpliste de dire que ce film est un croisement improbable entre Priscilla folle du désert et Le Grand bain, cela reviendrait à définir le film sur des homosexuels à un genre à part. Le film s’apparente plus ainsi à un road movie matiné de film de sportifs avec son lot d’entrainement et d’affrontements aquatiques. Il faut ainsi plus voir dans ce film un manifeste contre l’homophobie et qu’il ne faut jamais juger les personnes sur leurs apparences, il faut apprendre à les connaitre en travaillant ensemble.

Le film réussit donc à nous faire passer du rire aux larmes de manière convaincante et surtout permet de retrouver de nouveau dans un rôle important un comédien que nous apprécions, Alban Lenoir souvent limité à des seconds rôles importants mais qui s’est toujours investi dans ses rôles avec la même intensité. Rien que pour sa présence dans un comédie originale, ce film mérite d’être découvert et apprécié pour ce qu’il est une comédie dramatique réussie et intelligente.

Les Crevettes pailletées
Un film écrit et réalisé par Cédric Le Gallo et Maxime Govare
Avec Nicolas Gob, Alban Lenoir, Michaël Abiteboul, David Baiot, Romain Lancry, Roland Menou, Geoffrey Couët, Romain Brau, Pierre Samuel, Jean-Louis Barcelona
Décors : Nicolas Migot
Costumes : Matthieu Camblor et Marion Moules
Photographie : Jérôme Alméras
Montage : Samuel Danesi
Musique : Thomas Couzinier et Frédéric Kooshmanian
Direction de postproduction : Rodolphe Duprez
Production : Renaud Chélélékian et Édouard Duprey
Sociétés de production : Les Improductibles et Kaly Productions ; Charades (coproduction)
Société de distribution : Universal Pictures ; Athena Films (Belgique), Praesens film (Suisse romande)
Genre : comédie
Durée : 100 minutes
Dates de sortie : 19 janvier 2019 (Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez) ; 8 mai 2019 (France)

Vu le 21 mai 2019 au Gaumont Disney Village, Salle 15 place A19

Note de Mulder: