Temporada de patos

Temporada de patos
Titre original:Temporada de patos
Réalisateur:Fernando Eimbcke
Sortie:Cinéma
Durée:87 minutes
Date:20 avril 2005
Note:
Flama, un jeune de quatorze ans, est laissé tout seul, avec son ami d'enfance Moko, dans l'appartement de ses parents, le temps d'un dimanche. Tout semble parti pour un marathon de jeux vidéos et un festin de chips et de coca. Mais l'intrusion de la voisine, à peine plus âgée que les deux garçons, qui cherche un four pour faire cuire son gateau, et un différent avec un livreur de pizzas arrivé quelques secondes trop tard vont donner à cette dernière journée des deux amis ensembles un tournant imprévu. Sans parler des coupures de courant qui surviennent aux moments les moins opportuns.

Critique de Tootpadu

Les pannes de four étaient visiblement très prisées parmi les sorties françaises de la semaine passée. Après Pieces of April et son prétexte pour conter une histoire plutôt mélancolique, les aléas de la vie culinaire figurent ici parmi d'autres éléments comme point de départ d'un récit bien plus léger. Et derrière le cadre stylisé, avec son noir et blanc exacerbé et ses cadrages recherchés, c'est justement ce côté anodin du film qui lui confère son charme et qui démontre, en même temps, ses limites.
Le carrefour de la perte de l'innocence est en fait d'ores et déjà dépassé par les trois jeunes personnages, et le seul adulte du groupe de fortune nage, littéralement, dans une sérénité qui ne ressemble en rien à sa vie minable. Ainsi, Flama vit très mal le divorce de ses parents, Moko ne veut pas perdre son ami d'enfance sur lequel il fait des rêves plus très innocents, et Rita, la voisine, est autant dégoûté par les garçons qui lui préfèrent les blondes que par son entourage qui a oublié son anniversaire. Pendant une journée atypique, ces trois personnalités en devenir et leur compagnon de jeux déboussolé vont pourtant s'éclater et s'affronter d'une façon finalement très joyeuse. C'est comme si la tragédie qui les entoure s'était éclipsé, le temps de faire le souk dans l'appartement de Flama avec quelques brownies redoutables comme seul résultat tangible.
Si cette histoire mexicaine est certes amusante et divertissante, il lui manque la profondeur et les constats pertinents pour en faire un film extraordinaire. Alors que certains aspects sont traités avec une subtilité appréciable, telle l'attirance encore diffuse de Moko pour Flama, la plupart d'entre eux ne font au mieux qu'avancer plus ou moins efficacement l'histoire. En cela, ce film rejoint les rares oeuvres cinématographiques de son pays qui sont récemment arrivées jusqu'en France : formellement trop ambitieuses, elles noient des intrigues simples dans un cadre trop rigide, voire surchargé pour les besoins narratifs. Que ce soit Nicotina ou Amour chiennes, sans négliger Y tu mama tambien, il y a toujours un petit air de gadget stylistique qui attire certes l'attention du spectateur, mais au détriment de la force intrinsèque de l'histoire.

Vu le 29 avril 2005, au MK2 Quai de Seine, Salle 5, en VO

Note de Tootpadu: