Revenge

Couvrir un festival du cinéma fantastique comme l’excellent Paris International Fantastic Film Festival (plus communément appelé PIFFF) permet de découvrir non seulement des premiers films mais aussi de faire de belles rencontres comme ce fut le cas avec la jeune réalisatrice Coralie Fargeat.

Après un premier court métrage Reality+ remarqué dans de nombreux festivals et dont le financement a été rendu possible après avoir été lauréate des Audi Talents Awards, Coralie Fargeat a pu écrire et réaliser son premier film qu’elle a voulu comme étant un hommage à un genre qu’elle apprécie particulièrement le thriller. Loin de vouloir proposer un film grand public, Revenge est loin d’être un simple rape and revenge, une histoire de revenge féministe dans lequel une femme après avoir attisé le regard de trois riches chefs d’entreprises et laissée pour morte décide de se venger et de les faire payer. Aussi violent que stylisé, ce premier film témoigne de la volonté d’une réalisatrice de se libérer de cette créativité castratrice dominée par la gente féminine. On comprend aisément sa volonté de faire d’une lolita aguicheuse une femme prête à tout pour imposer une violence libératrice sur ceux qui l’ont cru fragile et dénuée d’une autorité naturelle.

On comprend également la volonté de la réalisatrice de livrer un film sans aucune concession avec peu de dialogues pour mettre en place en plein désert cette vengeance d’Outre- tombe rappelant autant certains westerns mais aussi de nombreux films américains dans lesquelles de jeunes femmes brutalisées voire violées décidaient de régler leur compte à des hommes dénués d’humanité. Pari audacieux non seulement pour un film français mais surtout pour une première œuvre. Loin d’être une série B et à correspondre à un cinéma français cantonné à un minimum de risques quitte à apparaitre quelconque par sa forme, Revenge montre que le cinéma de genre est encore présent en France et peut aboutir à de grands films reposant sur une mise en scène inspirée, un montage très graphique et surtout capable de rencontrer un public en dehors de nos frontières. Ce film a en effet commencé sa carrière lors du festival de Toronto et gagné ainsi une reconnaissance mondiale.

Alors qu’Hollywood commence enfin à se réveiller du diktat imposé par certains producteurs comme Harvey Weinstein, ce film arrive parfaitement au bon moment pour rappeler que les femmes peuvent aussi être de grandes réalisatrices même si l’industrie du cinéma reste un univers masculin propice à de nombreuses inégalités. Revenge s’impose donc comme un film incontournable du moment qui mérite d’être découvert et surtout témoigne de l’attachement d’une très prometteuse réalisatrice à suivre de près.

Vu le 9 décembre 2018 au Max Linder Panorama

Note de Mulder: