La forme de l'eau (The Shape of Water)

La forme de l'eau (The Shape of Water)
Titre original:La forme de l'eau (The Shape of Water)
Réalisateur:Guillermo Del Toro
Sortie:Cinéma
Durée:123 minutes
Date:21 février 2018
Note:

Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

Critique de Mulder

A Ophélie

Guillermo Del Toro s’est impose comme l’un des réalisateurs les plus intéressants du paysage cinématographique mondial actuel. En pratiquement vingt-cinq ans, il n’aura réalisé que dix films parmi lesquels on retiendra notamment son premier Cronos (1993), Mimic (1997), Blade 2 (2002), Hellboy 1&2 (2002-2008), le magnifique Le Labyrinthe de Pan (2006) et ses deux derniers en date très réussis et audacieux comme chacun de ses précédents films Pacific Rim (2013) et Crimson Peak (2015).Comme dans chacun de ses films, La forme de l’eau (The Shape of water) se rattache à son genre de prédilection, le cinéma fantastique dans lequel il excelle et réussit à donner libre court à son imagination. Pourtant cette fois-ci, en cosignant le scénario avec Vanessa Taylor, Shape of water s’affirme comme une lettre d’amour véritable au cinéma dans sa forme universelle. Omniprésent que cela soit par la salle de cinéma se trouvant sous l’appartement de Elisa Esposito (magnifique Sally Hopkins) par les nombreux films que regardent son voisin homosexuel Gilles mais aussi pour les nombreuses scènes dans laquelle l’héroine reproduit soit une séquence d’une comédie musicale en faisant des claquettes ou en s’imaginant chanteuse d’une comédie musicale.

Impossible en découvrant cette créature amazonienne de ne pas penser à ce qui a réussi à capter à jamais l’attention de ce passionné de cinéma qu’est Guillermo Del Toro. On pense donc inévitablement au film culte de Jack Arnold L’Etrange Créature du Lac Noir (1954). Pourtant ce film n’est pas une suite de ce film qui en compte déjà deux (La Revanche de la créature (1955), La créature est parmi nous (1956)). On découvre ainsi cette femme muette et isolée du monde hormis sa fidèle collègue Zelda Fuller et son voisin Giles. Lorsqu’une créature est amenée dans le laboratoire top secret dans laquelle elle travaille comme femme de ménage, un lien va se créer entre elle et celui-ci, un lien qui changera à chacun sa vie. On comprend aisément la volonté du réalisateur de revenir aux sources mêmes du cinéma fantastique et de placer l’action de ce film en pleine guerre froide en 1962 dans une Amérique en pleine émergence et souhaitant trouver un moyen d’être les premiers à conquérir l’espace devant la Russie. On comprend également la présence d’un espion russe dans ce laboratoire tentant d’extirper cette créature sous-marine des mains du Colonel Richard Strickland, un arriviste prêt à tout pour s’imposer y compris en maltraitant cette créature.

Une nouvelle fois la magie du cinéma opère et nous sommes complètement immergés dans ce film d’une beauté abyssale qui réussit à rendre réaliste cette histoire d’amour entre un monstre aquatique et une belle jeune femme marquée par le sort. Le réalisateur et co-scénariste Guillermo Del Toro nous touche totalement par sa manière d’aborder cette histoire et en portant la même attention aussi bien au sens de son récit qu’à la manière de la présenter et en attachant une grande importance à la photographie.

Le casting du nouveau film est également parfaitement sélectionné et on y retrouve ainsi Sally Hawkins (Elisa Esposito), Michael Shannon (Richard Strickland), Richard Jenkins (Giles), Octavia Spencer (Zelda Fuller), Michael Stuhlbarg (Dr. Robert Hoffstetler), Doug Jones (L’Amphibien) et David Hewlett (Fleming) Afin de rendre crédible son personnage la comédienne Sally Hawkins s’est totalement investie en apprenant le langage des signes et chacune de ces scènes fait de ce film de purs moment de grâce. Le duo qu’elle forme avec cette créature marine l’égale de la Belle et la bête mais une version plus mature mais tout autant angélique.


Après avoir obtenu le Lion D’or au festival de Venise 2017, deux Golden Globes (meilleur réalisateur, meilleure bande originale), La Forme de l’eau est donné comme favori aux Oscars avec treize nominations. On peut voir en cela la reconnaissance enfin que mérite ce grand réalisateur qui a non seulement redonné au cinéma fantastique ses lettres de noblesse mais aussi su montrer que le cinéma d’auteur et le cinéma commercial peuvent se marier parfaitement..

Vu le 15 février 2018 à l’UGC Normandie, salle 01, en VO

Note de Mulder: