Carandiru

Carandiru
Titre original:Carandiru
Réalisateur:Hector Babenco
Sortie:Cinéma
Durée:145 minutes
Date:02 juin 2004
Note:
Basé sur une histoire vraie, Canrandiru est l’adaptation du livre Canrandiry Station par Drauzio Varella. À travers les yeus d’un docteur qui y a travaillé pendant 12 ans, l’histoire de Canrandiru, la plus grande prison d’Amérique latine, à Sáo Paulo, nous est racontée. Dans cette microsociété où vivent plus de 7000 prisionniers et où sévit la maladie, le docteur gagne tranquillement le respect des détenus qui peu à peu commencent à lui faire confiance et à partager leurs histoires, leurs problèmes et leurs rêves. À travers une série de flashbacks, le film nous familiarise avec les histoires de tous ces personnages plus grands que nature ainsi que leur routine quotidienne jusqu’à la date fatidique du 2 octobre 1992, la journée du tristement célèbre massacre de Carandiru. Le cinéaste brésilien d’origine argentine Hector Babenco signe ici l’un de ses plus grands films depuis Pixote (1981) et Le baiser de la femme araignée (1985).

Critique de Tootpadu

A considérer la vie en prison telle que Hector Babenco la dépeint dans ce kaléidoscope carcéral, l'existence derrière les barreaux serait loin d'être aussi horrible que l'on ne l'imaginait. Mis à part la promiscuité qui engendre une infection au sida à échelle épidémique, ainsi que l'abus fréquent de toutes sortes de drogues et le commerce de ces dernières basé sur une multitude de crimes, la monotonie apparaît comme seule source d'ennui dans un environnement aménagé au mieux possible, entre les cellules collectives personnellement décorées et les journées de visite tenues dans la cour afin de leur donner un caractère convivial. Pratiquement auto-gérée par les détenus, la prison de Carandiru donne en effet l'impression d'un microcosme vivable, où la plupart des condamnés garde un minimum de respect de soi, qui s'exprime soit par des conversions évangéliques, soit par l'entrée dans les cercles du banditisme organisé, soit par l'immersion dans le côté féminin de l'homme en devenant la reine des câlins de son bloc.
Sans trop enjoliver les choses, le film nous fait découvrir progressivement une dizaine de détenus, tous reliés l'un à l'autre par leurs visites chez le nouveau médecin de la prison. Rien d'original, ni de poignant dans le procédé de faire raconter tout un chacun l'histoire de sa vie d'avant à cette nouvelle personne de confiance, mais il n'empêche qu'il nous rend les personnages plus attachants, plus humains dans les faux pas ou autres déraillements d'existence qui les ont emmenés à ce point de leur vie. Cette sobriété dans la forme et cet attachement au détail trouvera par ailleurs son accomplissement au cours du troisième acte qui rendra la trêve factice d'alors caduque.
Nul intérêt de vous révéler la conclusion de cette histoire d'hommes dépourvus d'avenir, mais sachez que ce film long, pas sans raison, est une approche sincère de son sujet, qui privilégie l'espoir contre toute raison, au détriment d'une agonie cynique. Grâce à son ton honnête, nous sommes même prêts à lui pardonner son style assez convenu et manquant parfois de force.

Vu le 15 juin 2004, aux Montparnos, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: