A ghost Story

A ghost Story
Titre original:A ghost Story
Réalisateur:David Lowery
Sortie:Cinéma
Durée:87 minutes
Date:20 décembre 2017
Note:

Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d'un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu'ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n'a plus d'emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu'il aime, et qui toutes deux lui échappent inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l'existence et à son incommensurabilité.

Critique de Mulder

A nos proches disparus

Cette année le festival du cinéma américain de Deauville a mis à l’honneur le nouveau film de David Lowery, un film fantastique tourné avec un aspect ratio of 1:33:1 et narrant l’histoire d’un fantome prisonnier malgré lui du temps et de l’espace. Ce film aussi surprenant qu’audacieux s’est vu discerner trois prix lors de ce festival celui du Kiehl's de la Révélation, du Jury et de la Critique. On comprend aisément que ce micro-budget a permis au réalisateur et scénariste David Lowery d’aborder des thèmatiques qui lui sont chèress comme le couple, le deuil et la vie après la mort. Pour son troisième film après Les Amants du Texas (Ain't Them Bodies Saints) (2013) et Peter et Elliott le dragon (2016), on comprend aisément la volonté du réalisateur de revenir à un cinéma indépendant dans lequel il peut retrouver toute sa créativité et surtout avoir une approche différente et contemplative des films de fantôme.

En refusant d’utiliser des effets spéciaux et en faisant de son fantôme un simple homme vêtu d’un drap pour seul costume, le réalisateur a surtout chercher à revenir à un cinéma contemplatif et surtout à faire de chaque plan de son film un véritable travail de recherche pour chercher la perfection. Loin de se contenter de livrer un film fantastique traditionnel, c’est surtout la thématique du deuil et du temps qui passe qui semble avoir retenu l’attention du réalisateur.

Pour l’occasion, le réalisateur retrouve pour la seconde fois les comédiens Casey Affleck, Rooney Mara avec lesquels il avait tourné son premier film. On sent ainsi une réelle osmose entre ses deux comédiens et le réalisateur qui cherche constamment à jouer avec les nerfs des spectateurs et à proposer un sujet original qui ne se contente pas de recycler simplement les thématiques des maisons hantées et autres formes fantomatiques agressives. On comprend aisément que ce film tourné pratiquement en secret permet au réalisateur de proposer une véritable expérience cinématographique visuellement magnifique et de laisser les spectateurs interprétés à leur guise l’histoire qui se déroule devant leurs yeux.

Certes la lenteur excessive du film non seulement créé un véritable envoutement permanent (la scène de la tarte est l’exemple parfait) mais aussi trouble les spectateurs en les laissant désorientés et ne leur laissant pas deviner ce qui va se dérouler devant leurs yeux. En cela, ce film fantastique rend tous les honneurs à un genre souvent décrié et pas reconnu à sa juste valeur. On ressort conquis de ce film et surtout avec la volonté de mieux comprendre ce qui a poussé un tel réalisateur à proposer un tel film atypique et loin du normalisme actuel des studios hollywoodiens. Est-ce pour lui une récréation artistique ou un moyen de livrer un film très personnel, on vous laisse le soin de trouver votre propre interprétation ?

Vu le 3 septembre 2017 au Centre International de Deauville, en VO

Note de Mulder: