Tom of Finland

Tom of Finland risquera de choquer un certain public habitué à découvrir des films conçus comme de simples produits de consommation rapides sans âme et aux ambitions purement mercantiles. Pourtant l’objet du véritable cinéma est d’interroger les spectateurs, à les amener à voir différemment notre monde actuel et découvrir des auteurs passionnants qui ont marqué leur époque et dont l’influence reste encore palpable de nos jours. On peut également comprendre que ce film a connu plusieurs difficultés pour voir le jour même dans notre société actuellement nettement plus compréhensible sur les mœurs que pendant les années 70.

Sur un scénario d’Aleksi Bardy le réalisateur Dome Karukoski (Leijonasydän (2013)) nous livre un biopic haut en couleur qui nous raconte l’histoire de Touko Laaksonen, ancien officier héroïque de la Seconde Guerre mondiale qui de retour en Finlande se retrouve dans une société dans laquelle les homosexuels sont persécutés et auxquels on interdit de se marier et d’adopter des enfants. Pour lutter contre cette persécution Touko Laaksonen se tourne rapidement vers l’art et devient un dessinateur reconnu mondialement pour ses dessins prônant le mouvement gay et représentant des hommes fiers d’être homosexuels et forts en même temps. On suit donc ce grand dessinateur de ses débuts jusqu’à sa consécration et on se passionne par sa force de caractère et le fait qu’il est prêt à se battre pour défendre son art. Il deviendra l’un des illustrateurs les plus influents d’une culture gay qui amènera à un véritable réveil d’une minorité enfin reconnue et plus brimée.

Le sujet est certes passionnant mais on aurait aimé plus de rythme et une réalisation plus inspirée ne se contenant pas simplement de raconter une histoire de manière trop académique. De ce personnage devenu lui-même source d’inspiration pour de nombreux artistes de la scène musicale comme Queen (Freddie Mercury), Frankie Goes To Hollywood (Holly Johnson), des village people mais aussi pour de nombreux créateurs de mode comme Tom Ford, Helmut Land et Jean-Paul Gaultier. Dans ce sens un biopic ne doit pas se contenter de reproduire une partie de la vie d’un artiste mais surtout chercher à comprendre les sources de son inspiration, son rapport avec la société qui l’entoure. La lenteur du film dessert un peu la force du récit mais permet d’apprécier la véritable recherche de son réalisateur pour nous livrer un film esthétiquement beau et intéressant.

Tom of Finland s’impose ainsi comme l’un des biopics les plus réussis découverts sur nos grands écrans et surtout nous montre que le cinéma indépendant finlandais reste l’un des plus originaux de notre courant européen..On vous conseille donc de découvrir ce film au cinéma soit prochainement en vidéo.

Vu le 4 mai 2017 au Club Marbeuf

Note de Mulder: