Voyage of time Au fil de la vie

Terrence Malick reste un véritable mystère pour de nombreux passionnés de cinéma. Derrière ce réalisateur surdoué cherchant constamment à proposer des plans stupéfiants de beauté et remplis de sens, se trouve également un véritable visionnaire cherchant plus à aboutir à la meilleure forme possible plutôt que de proposer des histoires accessibles et traditionnelles. On aime ou non ses films mais on ne peut que reconnaitre son immense talent pour filmer la vie. Ainsi après La Balade sauvage (Badlands) (1973), Les Moissons du ciel (Days of Heaven) (1978), La Ligne rouge (The Thin Red Line) (1988), Le Nouveau Monde (The New World) (2005), The Tree of Life (2011), À la merveille (To the Wonder) (2012), Knight of Cups (2015) cette fois-ci ce réalisateur nous propose un documentaire aussi contemplatif, sublimement réalisé mais manquant de rythme.

Voyage of time s’apparente ainsi à une lettre ouverte à un Dieu ayant créé note planète en lui demandant pourquoi il l’a conçu de cette manière avec tant de beauté que d’imperfections. Alors que Stanley Kubrick nous avait livré avec 2001 L’odyssée de l’espace en 1968 un film de science-fiction et revisité la création de notre planète, Terrence Malick semble vouloir apporter sa pierre édificatrice et explorer en profondeur certaines idées de l’un de ses précédents films Tree of life et ainsi passer de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Son film documentaire ressemble ainsi à un trip halluciné composé d’une succession de plans envoutants. Malheureusement autant l’image est d’une pureté profonde autant ce film manque cruellement de rythme (de vie) ce qui est un véritable parodoxe en soi.

On se demande donc ce que le réalisateur cherche à démontrer une fois de plus dans son premier documentaire car on reconnait sa perfection dans ses longs métrages mais ses derniers films se contentent d’être aussi beaux que difficilement déchiffrables comme l’a montré Knight of Cups (un grand film certes mais difficile d’accès par une jeune génération nourrie aux vidéoclips et aux blockbusters décérébrés). Ce film projeté curieusement qu’une fois dans pratiquement à la même heure dans de nombreux cinémas semble être plus un coup marketing parfaitement agencé plutôt qu’une œuvre à part entière de ce réalisateur. De la même manière, ce type de film en IMAX mériterait d’être proposé que dans certaines salles en IMAX voire idéalement à la Géode que dans de nombreux cinémas ne possédant pas les conditions requises pour le faire découvrir. A ce titre il est également intéressant de savoir qu’il existe deux versions de ce film une en 45 minutes pour être exploitées que dans certaines salles et celle découverte de quatre-vingt dix minutes (d’où surement ces longueurs..).

Voyage of time reste cependant une véritable expérience cinématographique mériterait d’être rediffusée à la Géode et non dans une salle de cinéma traditionnelle pour en capter toute la saveur, la beauté et surtout un des plus grands réalisateurs actuels.

Vu le 4 mai 2017 à l’UGC Normandie, salle 01, en VO

Note de Mulder: