Lego Batman, le film

“I'm Starting With The Man In The Mirror
I'm Asking Him To Change His Ways
And No Message Could Have Been Any Clearer
If You Wanna Make The World A Better Place
Take A Look At Yourself, And Then Make A Change”
Man in the mirror – Michael Jackson

Lorsqu’un film figure parmi les plus attendus de cette année, le résultat découvert déçoit le plus souvent. De la même manière à force de montrer dans les bandes annonces les meilleures idées présentes dans un film, le résultat final a tendance à perdre beaucoup de son aura. Pourtant le premier film de Chris Mac Kay (chef-monteur et superviseur des effets visuels sur La grande aventure Lego) dépasse nos attentes et nous livre l’un des plus beaux hommages que l’on puisse rendre au cinéma, à l’univers DC Comics mais aussi à la création artistique. Fournissant d’idées à chaque plan, d’un rythme d’une virtuosité intense, Lego Batman le film s’émancipe aisément de la Grand Aventure Lego dont il est un des spin-off (d’autres verront surement le jour dans les années à venir).

Dès la première image du film, l’action est plantée et la première scène du film est d’une telle richesse et forte qu’elle pourrait aisément s’apparenter à une scène de fin d’un blockbuster efficace. L’action omniprésente du début à la fin du film n’exclut pas pour autant le développement des personnages principaux comme Bruce Wayne/Batman dépeint comme un égocentrique incapable de penser à autre chose qu’à lui-même et impossible de travailler en équipe mais qui devra pourtant l’apprendre et surtout à revoir sa vision de la vie. C’est intéressant à ce niveau de voir que le scénario de Seth Grahame-Smith, Chris McKenna, Erik Sommers, JJared Stern et John Whittington se permet également de faire un point plutôt juste sur l’évolution des adaptations de Batman au cinéma du premier film en 1966 de Leslie H. Martinson aux films de Chritopher Nolan et en passant également par les séries d’animation comme celle de Paul Dini et Bruce Timm. Un véritable souffle de liberté artistique est omniprésent non seulement au niveau du scénario mais aussi d’une réalisation aussi inspirée qu’efficace.

Il est également intéressant de voir que les scénaristes ne se sont pas contentés de l’univers DC Comics pour bâtir les fondations de ce film d’animation mais ont puisé dans de nombreux autres classiques du cinéma américain. Dans le bestiaire des monstres auxquels Batman, Robin et Batgirl vont devoir se frotter on retrouve ainsi Sauron (Le Seigner des anneaux), King Kong, Godzilla, des gremlins, Dracula et tout le bestiaire des ennemis jurés de Batman y compris de nouveaux inventés spécialement pour ce film. Les scénaristes pour recréer en mode Lego ces ennemis ont puisé largement dans de nombreux films relatifs à l’univers DC comics. Alors que Poison Ivy rappelle Uman Thurman dans Batman et Robin, que le Pingouin Danny De Vito dans Batman le Défi et le joker à Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton tous les personnages ont été créés avec la plus grande des attentions. On sent aisément la volonté des Studios Warner Bros de donner des fondations solides à l’univers Lego sur grand écran initié avec La grande aventure Lego en 2014.

Derrière la parodie de l’univers DC Comics, le film aborde astucieusement l’envers du décor des super-héros notamment Bruce Wayne, Dick Grayson et Alfred Pennyworth. On découvre donc Bruce Wayne dans son énorme demeure collectionnant les nombreuses bombes confisquées, les véhicules et vêtements de toute sorte. Ces scènes permettent de voir à quel point les scénaristes ont réussi à créer un véritable univers. L’association du géant du jeu vidéo Lego et celle des studios Warner Bros montre à travers ce film une fusion parfaite et surtout le soin apporté pour donner vie à une liberté artistique décomplexée. Ce n’est donc pas un hasard non plus si le gardien de la zone fantôme s’apparente à la première brique de Lego. Ce clin d’œil montre bien à quel point les scénaristes maitrisent aussi bien l’univers des comics et ont des bases cinématographies conséquentes mais aussi s’intéressent à l’histoire de ce géant danois.

Lego Batman le film est assurément l’une des réussites de ce début d’année et il nous tarde de le redécouvrir en version originale. En effet le seul petit bémol du film constitue le choix de son doublage français constitué de youtubers et non de comédiens réputés comme c’est le cas pour la version originale. Dans la version originale que nous vous encourageons à préférer on retrouve ainsi Will Arnett (Bruce Wayne / Batman), Zach Galifianakis (Joker), Michael Cera (Dick Grayson / Robin), Ralph Fiennes (Alfred Pennyworth), Rosario Dawson (Barbara Gordon / Batgirl), Billy Dee Williams (Harvey Dent / Double-Face), Jenny Slate (Harley Quinn), Mariah Carey (Maire McCaskill). Quant à la version française il faudra se contenter d’un casting vocal nettement moins attractif avec Rayane Bensetti (Dick Grayson / Robin), Stéphane Bern (Alfred Pennyworth), Natoo (Barbara Gordon / Batgirl), WaRTeK (Green Lantern), Antoine Griezmann (Superman) et Blaise Matuidi (Flash). Certes ce dernier n’est pas déshonorant mais ne colle pas suffisamment avec la richesse d’un film d’animation à découvrir d’urgence surtout si comme nous vous êtes fan de l’univers des super-héros DC comics.

Vu le 5 février 2017 au Gaumont Disney Village, Salle 02, en VF

Note de Mulder: