Jackie

Il serait simpliste de dire que le nouveau film de Pablo Larraín est un simple biopic sur une des femmes les plus marquantes de l’histoire américaine, pourtant à bien regarder cet excellent biopic le drame ici compté est national et concerne tout un pays marqué à jamais par l’un des plus terribles assassinats d’un Président américain. Sur un scénario de Noah Oppenheim, le réalisateur chilien de Tony Manero (2008), Santiago 73 post mortem (2010), No (2012), El club (2015) et Neruda (2016) nous livre un film passionnnant sur les événements qui ont précédé et suivi l’assassinat à Dallas du trente-cinquième Président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy et comment sa femme Jackie Kennedy et Bobby Kennedy ont dû gérer en urgence l’enterrement d’un des hommes les plus marquants de l’histoire américaine.

Loin de dresser un portrait hagiographique d’une des Premières Dames des Etats-Unis, Jackie par l’utilisation de flahbacks judicieusement amenés porte un regard sur une Nation en pleurs, touchée par un drame qui hantera à jamais l’esprit de millions d’américains et qui sera sujet de plusieurs films et livres sur une supposée conspiration américaine. Le réalisateur préfère oublier cette partie de l’histoire et uniquement décrire comment Jackie Kennedy a dû faire face à l’un des enterrements les plus médiatisé de l’histoire américaine. Au fil de plusieurs rencontres, on apprend ainsi qui était réellement Jackie Kennedy et comment elle a fait face avec l’aide de ses proches aux événements intervenus à Dallas. Le grand soin à la mise en scène ainsi qu’à la photographie du film permettent de faire de Jackie le mixte parfait entre reconstitution historique et un magnifique portrait de femme meurtrie.

L’approche du scénaristique de partir de la rencontre d’un journaliste politique (Theodore H. White) et de son long entretien avec Jackie Kennedy sert de ligne directrice à une histoire certes connue mais dont les rouages politiques et économiques sont mis parfaitement en avant au long de nombreux échanges et scènes reconstituées. La grande qualité du film revient aussi au refus de tout épanchement inutile et à la volonté de livrer un témoignage réaliste et de manière parfaitement renseigné. Une nouvelle fois, la comédienne Natalie Portman est magnifique et livre une interprétation mémorable en redonnant vie à cette grande figure américaine.

Le film bénéficie également d’un casting parfaitement en phase avec son histoire dans lequel on a le plaisir de retrouver Peter Sarsgaard (Bobby Kennedy), Greta Gerwig (Nancy Tuckerman), Billy Crudup (Le journaliste), John Hurt (Le prêtre), Richard E. Grant (William Walton), John Carroll Lynch (Lyndon B. Johnson), Beth Grant (Lady Bird Johnson). Derrière les rouages politiques et stratégiques qui se sont mis en place pour l’enterrement de ce Président des Etats-Unis, le film nous interroge sur l’envers du décor de la politique tout entier. Magistral et passionnant, Jackie est indéniablement l’un des meilleurs films de ce début d’année.

Vu le 17 janvier 2017 au Club de l’Etoile , en VO

Note de Mulder: