Nocturnal animals

Nocturnal animals
Titre original:Nocturnal animals
Réalisateur:Tom Ford
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:04 janvier 2017
Note:

Susan Morrow, une galeriste d’art de Los Angeles, s’ennuie dans l’opulence de son existence, délaissée par son riche mari Hutton. Alors que ce dernier s’absente, encore une fois, en voyage d’affaires, Susan reçoit un colis inattendu : un manuscrit signé de son ex-mari Edward Sheffield dont elle est sans nouvelles depuis des années. Une note l’accompagne, enjoignant la jeune femme à le lire puis à le contacter lors de son passage en ville. Seule dans sa maison vide, elle entame la lecture de l’oeuvre qui lui est dédicacée....

Critique de Mulder

Il aura fallu attendre pratiquement sept ans pour découvrir le second film écrit et réalisé par Tom Ford. Son premier film A single Man avait déjà retenu notre attention par son scénario ingénieux, sa photographie particulièrement travaillée et surtout un casting intéressant (Colin Firth, Nicholas Hoult et Julianne Moore). Une nouvelle fois le scénariste et réalisateur semble nettement plus attaché à la forme crépusculaire de son film qu’à l’histoire contée. On découvre ainsi dès les premières images du film une galeriste d’art de Los Angeles, Susan Morrow (Amy Adams) qui traverse une crise de couple avec son mari. Délaissé par ce dernier, elle se réfugie dans la lecture d’un manuscrit que son ex-mari vient de lui envoyer et dans lequel il semble vouloir régler ses comptes avec elle via des personnages littéraires. Nocturnal animals est le titre de ce roman qui narre la vengeance d’un automobiliste contre un gang de voleurs de voitures qui a violé et tué sa fille et sa femme. Pourtant le film ne s’oriente pas uniquement vers un simple film de vengeance. Le réalisateur et scénariste s’intéresse en effet plus à l’analyse de la nature humaine et surtout les relations humaines.

De nombreux films ont déjà utilisé avec succès le principe de différents niveaux de réalité au sein d’une même histoire. Dans le cas présent, le film jongle habilement entre la réalité contenue dans les pages du roman que lit l’héroïne de chez elle, les images de son passé et de sa rencontre avec son ancien mari, Edward Sheffield (Jake Gyllenhaal, excellent une fois de plus) et la réalité du temps présent dans laquelle elle se rend compte que son mari la trompe sous ses yeux. Le grand soin apporté à la confrontation de ces différents univers apporte au film une véritable originalité et surtout nous passionne par le soin apporté autant à l’histoire qu’à la photographie du film.

En adaptant librement le livre d’ Austin Wright, Tom Ford a pu s’exprimer sur ses différentes phobies et livrer un film qui lui est très personnel. Ancien styliste, tous les détails du film semblent avoir été examinés pour livrer une œuvre à la beauté aussi pessimiste qu’envoutante. Comme dans son film précédent, le réalisateur a pu bénéficier de la présence du même compositeur Abel Korzeniowski et de sa fidèle costumière Arianne Philipps. Il en ressort un thriller ambitieux préférant donner de l’épaisseur aux personnages principaux que de proposer un enchainement de scènes les plus spectaculaires les unes des autres. Impossible non plus en suivant ce film de ne pas penser à des réalisateurs comme David Cronenberg et David Lynch pour lesquels les apparences sont souvent trompeuses. De ce cauchemar éveillé à plusieurs niveaux, le spectateur sera sous le charme de comédiens parfaitement dirigés et par une intrigue aussi habilement troussée que remplie de sensations fortes.

Alors que le cinéma hollywoodien préfère miser de plus en plus sur l’utilisation d’effets spéciaux spectaculaires au point de porter moins d’attention sur les scénarios et le choix des comédiens, Tom Ford lui préfère de loin revenir aux bases d’un grand cinéma. Un cinéma dans lequel les comédiens bénéficient de suffisamment de matières pour livrer des interprétations fortes mais surtout s’investir totalement dans ce cinéma d’auteur à l’esthétique soignée. C’est ainsi un véritable plaisir de retrouver de nombreux comédiens que nous apprécions casser leur image comme c’est le cas ici pour Aaron Taylor-Johnson dans le rôle d’un dangereux psychopathe. On retiendra aussi la présence de Michael Shannon (Bobby Andes), Isla Fisher (Laura Hastings), Amie Hammer (Hutton Morrow) dans des seconds rôles réussis. Nocturnal animals n’est certes pas parfait et manque par moment de rythme mais le résultat final mérite amplement sa découverte.

Vu le 4 janvier 2017 au Gaumont Disney Village, Salle 3, place A18 en VF

Note de Mulder: