Passengers

Passengers
Titre original:Passengers
Réalisateur:Morten Tyldum
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:28 décembre 2016
Note:

Alors que 5000 passagers endormis pour longtemps voyagent dans l’espace vers une nouvelle planète, deux d’entre eux sont accidentellement tirés de leur sommeil artificiel 90 ans trop tôt. Jim et Aurora doivent désormais accepter l’idée de passer le reste de leur existence à bord du vaisseau spatial. Alors qu’ils éprouvent peu à peu une indéniable attirance, ils découvrent que le vaisseau court un grave danger. La vie des milliers de passagers endormis est entre leurs mains…

Critique de Mulder

Le réalisateur Morten Tyldum ne cesse de nous surprendre et de nous proposer des divertissements haut de gamme reposants sur des scénarios aussi originaux qu’intéressants et d’une perfection visuelle indéniable. Ainsi après trois premiers films norvégiens salués par la presse (Buddy (2003), Fallen Angels (2008), Headhunters (2011)) et son premier film en langue anglaise Imitation Game (2014) nominé pour huit Oscars on attendait avec impatience de découvrir son nouveau film avec une certaine impatience.

Les huis-clos dans l’espace ont souvent tendance à s’orienter vers des films de science-fiction mêlant monstres, forces maléfiques ou intelligences artificielles vindicatives. Certains films ont ainsi réussi à créer de véritables ambiances inquiétantes et à s’imposer comme des modèles du genre avec plus ou moins de succès (2001 : l’odyssée de l’espace (1968), Solaris (1972), Alien le huitième passager (1979), Event Horizon : le vaisseau de l’au-delà (1998), Sunshine (2007) et plus récemment Moon (2009)). Pourtant la première qualité de Passengers est de ne pas aller dans le même sens et s’orienter plutôt vers une comédie dramatique dans lequel toute l’action se passera à bord d’un vaisseau spatial gigantesque, le Starship Avalon, transportant plus de cinq milles passagers, plongés en pleine hibernation, de la terre vers la planète Homestead II.

Judicieusement le scénario de Jon Spaiths (Prometheus (2012), Doctor Strange (2016) et prochainement La momie (2017 et Pacific rim : Uprising (2018)) ne s’oriente pas vers un nouveau thriller avec de nombreux affrontements psychologiques ou physiques mais plutôt préfère donner une réelle épaisseur aux quatre principaux personnages du récit : Jim Preston (Chris Pratt), un mécanicien, sorti de son hibernation suite à un problème technique, Aurora Lane (Jennifer Lawrence (une journaliste), un androïde barman, Arthur (lMichael Sheen) et le capitaine de ce vaisseau dans un court rôle (Laurence Fishburne) (déjà présent au casting de Event Horizon). Nulle trace ici d’intelligences extraterrestres belliqueuses mais plutôt un récit subtilement mené rappelant par son approche les nombreux films catastrophes. On pensera indéniablement à Titanic de James Cameron par les rapports entre les personnages d’Aurora et de Jim et d’un vaisseau spatial se détraquant suite à une collision avec des astéroïdes. De la même manière, ce n’est sûrement pas un hasard fortuit si le personnage d’Arthur nous renvoie à celui du barman présent dans Shining (1980)). Ces nombreuses allusions à d’autres films permettent une relecture passionnante de ce film de science-fiction réussi. Celui-ci préfère ainsi créer une véritable immersion dans un univers futuriste et de présenter un futur cohérent dans lequel le clivage social s’est amplifié et est arrivé à une colonisation progressive de l’espace.

Une nouvelle fois le comédien Chris Pratt nous étonne et confirme qu’il choisit ses films avec un véritable soin. Ainsi après de multiples second rôles remarqués (Wanted : choisis ton destin (2008), Jennifer’s body (2009), Le Stratège (2011), Zero Dark thirty (2012), il aura fallu attendre l’excellent Les Gardiens de la Galaxie pour qu’il puisse s’affirmer comme valeur sûre du cinéma américain actuel (confirmé par le succès mondial de Jurassic World (2015)..). S’éloignant de ses rôles d’aventuriers, son rôle ici montre une nouvelle facette de son talent et témoigne qu’il a le talent nécessaire pour s’éloigner des rôles sur mesure. De la même manière, ce film montre bien que Jennifer Lawrence loin de son rôle de Katniss Everdeen (saga Hunger Gamers) et de Raven Darkholme (saga X men) réussit à s’imposer aussi bien dans des films d’auteur (Happiness Therapy (2012), American bluff (2013), Serena (2014), Joy (2015)) que dans des blockbusters astucieusement mis en scène. Le duo qu’il forme ici à l’écran fonctionne à merveille permet de nombreux morceaux d’anthologie dont une séance de danse mémorable.

Le réalisateur Morten Tyldum bénéficie non seulement d’un scénario réussi, d’une interprétation solide mais surtout de la photographie lumineuse de Rodrigo Priesto (Argo (2012), Le loup de Wall Street (2013), The Homesman (2014)) et d’effets spéciaux spectaculaires utilisés avec parcimonie pour renforcer le climat envoûtant du film. Passengers réussit donc la fusion parfaite entre la comédie dramatique et le film de science-fiction et surtout est l’une des bonnes surprises de ce mois de décembre.

Vu le 26 décembre 2016 à l’UGC Ciné-Cité Bercy, salle 01, en VO

Note de Mulder: