La La Land

La La Land
Titre original:La La Land
Réalisateur:Damien Chazelle
Sortie:Cinéma
Durée:128 minutes
Date:25 janvier 2017
Note:

Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions.  De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance.  Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent… Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?

Critique de Mulder

Il n’aura fallu qu’un film à Damien Chazelle pour s’imposer en réalisateur et scénariste surdoué. Depuis Whiplash (2014) multi-récompensé dans de nombreux festivals et cérémonies (deux prix au festival de Sundance (2014), trois au British Academy Film Awards (2015), trois Oscar (2015)), on attendait avec une véritable impatience son second film. Le réalisateur comme Quentin Tarantino est un passionné de cinéma et La La Land témoigne de cet attachement profond à l’âge d’or du cinéma Hollywoodien. La La Land est ainsi plus qu’une comédie musicale à la Jacques Demy, à la Stanley Donen. La passion du réalisateur pour les films sur la musique (comme dans Whiplash) passe cette fois-ci en second plan et il s’agit d’une histoire d’amour entre un musicien et une jeune comédienne. Fermentée avec passion, la trame du film a été élaborée en 2010 et témoignait déjà de la passion sans faille d’un jeune réalisateur et scénariste envers le cinéma.

Derrière l’idée de refaire une comédie musicale, on sent l’attirance du réalisateur pour la transplanter dans notre contexte actuel et ainsi redonner vie à un genre passé n’ayant plus les faveurs de l’industrie hollywoodienne actuelle. Le film est également un hommage vibrant à la ville de Los Angeles et les nombreux plans témoignent de la fascination qu’a le réalisateur et scénariste envers la cité des Anges. On sent également la même attirance non seulement envers l’âge d’or du cinéma Hollywoodien mais également une fascination envers plusieurs films marquants de Jacques Demy. On pense ainsi inévitablement aux Parapluies de Cherbourg (1964) aux Demoiselles de Rochefort (1967) à travers les nombreux numéros de danse magnifiques. On pense également aux comédies musicales comme West Side Story (1961) et Chantons sous la pluie (1952) comme source d’inspiration du réalisateur. Un tel projet est non seulement difficile à monter mais surtout nécessite une passion et une envie de proposer autre chose qu’un simple produit de manière à satisfaire le plus grand nombre et dans lequel l’approche est déjà marketing avant d’être réellement fondée par la vision d’un réalisateur. En cela une nouvelle fois La La Land est une réussite qui pousse toute notre admiration déjà acquise envers son premier film.

Impossible de ne pas voir une filiation certaine entre Whiplash et La La Land ne serait-ce pour la place importante qu’occupe la musique (le jazz) de nouveau dans ce film. Le personnage de Sébastian passionné par le véritable jazz qui ne trouve plus les faveurs du public se retrouve ainsi à jouer de la musique d’ambiance voire de joindre un groupe musical pour réellement survivre dans un monde laissant trop peu de place aux rêveurs. Il représente la musique dans sa forme la plus noble, celle qui vient du cœur et est un moyen de s’exprimer (allusion à la scène expliquant comment est né le jazz à la Nouvelles Orléans). Une nouvelle fois Ryan Gosling s’impose comme le meilleur choix possible pour le rôle. Il est impossible de rester insensible à son personnage et à son envie de reconnaissance et de vouloir enfin trouver sa place. Entre les soirées dans lesquelles il doit se contenter de singer une forme de musique populaire et un numéro simplement inoubliable sur un fronton de mer (City of Stars), son personnage représente bien les difficultés de vivre à Los Angeles loin du glamour qu’entretient cette ville dans nos visions idylliques.

De la même manière Emma Stone donne à son personnage Mia, une jeune comédienne passant d’auditions en auditions tout le charme des héroïnes hollywoodiennes au destin tragique. La La Land fut difficile à monter et doit son salut non seulement grâce au succès critique et public de Whiplash mais surtout à son réalisateur et scénariste qui a soutenu depuis de longues années ce projet plus personnel et ambitieux.

Le soin apporté au film se ressent ainsi également à travers son casting dans lequel on retrouve en plus d’Emma (Mia) Stone et Ryan Gosling (Sebastian), John Legend (Keith), J.K. Simmons (Bill), Rosemarie DeWitt (Laura), Finn Wittrock (Greg), Callie Hernandez (Lisa), Sonoya Mizuno (Caitlin). De la même manière la chorégraphie des nombreux numéros de danse est confiée à Mandy Moore et témoigne de la volonté du réalisateur de retrouver toute l’aura de ces fameuses comédies musicales qui ont marqué nos mémoires.

Certaines scènes touchées par la grâce d’un réalisateur venu au bout de son rêve et qui a réussi à lui donner vie restent longtemps après la découverte du film en mémoire. Les nombreux lieux du film comme celui de l’observatoire Griffith montrent toute la beauté ténébreuse de la ville de Los Angeles et nous montrent ce que devrait être le cinéma : une invitation au voyage, à la recherche de véritables valeurs et surtout à s’exprimer totalement grâce à l’art que cela soit l’écriture, la musique ou le jeu. On ne peut qu’aimer et admirer de tels films malheureusement trop rares au cinéma.

LA LA Land
Écrit et réalisé par Damien Chazelle
Produit par Fred Berger, Jordan Horowitz, Gary Gilbert, Marc Platt
Avec Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend, Rosemarie DeWitt, Finn Wittrock, J. K. Simmons
Directeur de la photographie : Linus Sandgren
Montage : Tom Cross
Musique : Justin Hurwitz
Sociétés de production : Summit Entertainment, Marc Platt Productions, Impostor Pictures, Gilbert Films
Distribué par Lionsgate
Dates de sortie : 31 août 2016 (Venise), 9 décembre 2016 (États-Unis), 25 janvier 2017 (France)
Durée : 128 minutes

Vu le 20 décembre 2016 au Club Marbeuf

Note de Mulder: