Birth of a Nation (The)

Birth of a Nation (The)
Titre original:Birth of a Nation (The)
Réalisateur:Nate Parker
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:11 janvier 2017
Note:

En un temps précédant la Guerre Civile américaine, Nat Turner est un prédicateur et un esclave cultivé. Son propriétaire, Samuel Turner, financièrement sous pression, accepte une offre visant à utiliser les dons de prédication de Nat dans le but d'assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l'encontre de ses camarades opprimés, Nate conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté.

Critique de Mulder

Le premier film scénarisé, interprété, produit et réalisé par Nate Parker s’impose comme une œuvre indispensable de la cause afro-américaine dans ce contexte socio-politique actuel. On comprend aisément la volonté du réalisateur de livrer un premier film personnel et sur un sujet qui lui tient à cœur. Alors que la plupart des films sur le passé guère glorieux des Etats-Unis relatif à l’esclavagisme a tendance à être édulcoré au cinéma ( Naissance d’une nation (1915), Amistad (1998), La couleur des sentiments (2011), Django Unchained (2012) et 12 years a slave (2014)), The birth of a Nation ose taper réellement aux fondements de l’Amérique actuelle, à la naissance d’une Nation.

Des années avant la Guerre civile américaine, on découvre ainsi le personnage de Nat Turner, un prédicateur et jeune esclave aussi intelligent que cultivé. Utilisé pour endoctriner à coup de religions les esclaves indisciplinés et les faire rentrer dans le rang, il décide peu à peu à ouvrir les yeux et à s’opposer à un système reposant sur l’esclavagisme de l’homme par l’homme. Certes sa cause est noble et nécessaire cependant ses pratiques prônant la violence vont causer sa perte et réduire à néant ses débuts de protestation contre l’esclavagisme. Le scénario repose sur l’histoire romancée d’un jeune esclave afro-américain né en 1800 et pendu en 1831 après une tentative de rébellion échouée de peu. Ce n’est pas non plus un hasard fortuit si ce film porte le même titre que celui de D.W. Griffith de 1915. Ce film s’oppose à ce film ayant fait passé les membres du Ku Klux Klan pour des héros et les afro-américains comme des brutes. Autre temps, autre regard nettement plus intéressant sur cette période très sombre des Etats-Unis et à la base de la guerre de sécession qui permettra la naissance d’une nation forte et protectrice des droits de l’homme.

Rares sont les films prônant des idées aussi fortes et faisant un constat au goût amer d’une société fondée sur des inégalités de races, de couleurs de peau fonctionnant avec une foi aveuglante et salvatrice. The Birth of a Nation nous montre ainsi des agissements abjects de grands propriétaires terrains se croyant tout permis et aux pratiques condamnables. Si le personnage de Nate Turner se rebelle les spectateurs ne pourront que soutenir ce personnage atypique se croyant capable de révolutionner un système autant immoral qu’inhumain. Le jeune réalisateur a su totalement s’investir dans son premier film et lui donner une tonalité juste, profonde et attachante. Il est d’autant dommage que ses agissements antérieurs dans une affaire sordide puisse mettre à mal tout l’avenir d’un film pourtant plébiscité par la critique et acclamé notamment pendant le festival de Sundance. Certes le film fut rejeté par l’Académie des Oscar mais cela ne lui enlève en rien sa valeur et sa qualité indéniable.

De nombreux biopics sortent au cinéma chaque année et trouvent plus ou moins de succès et de place dans le cœur des spectateurs. The Birth of a Nation mérite quant à lui d’être découvert, partagé et surtout apprécié par son regard qu’il porte sur la cause des afro-américains. En s’entourant de comédiens parfaits dans leur rôle tels
Armie Hammer (Samuel Turner), Mark Boone Junior (Reverend Walthall), Colman Domingo (Hark), Aunjanue Ellis (Nancy Turner) et Aja Naomi King (Cherry), le réalisateur nous propose un film fort et indispensable. Loin de ses films aseptisés prônant des biopics hagiographiques, The Birth of a Nation vise juste et s’impose comme un film à découvrir dès sa sortie en salles le 11 janvier prochain.

Enfin, on notera l’excellent composition musicale une fois de plus d’Henry Jackman qui s’impose comme étant l’un des compositeurs de musique de films les plus intéressants du moment et riche d’une filmographie quasi parfaite dans laquelle on ne saurait trop vous conseiller celle de Kick ass 2 (2013), Les nouveaux héros (2014) et Captain American civil war (2016). Son attachement à ce film témoigne de sa volonté d’alterner aussi bien les grosses productions hollywoodiennes que des films indépendants toujours avec le même soin malgré des moyens moindres.

Vu le 20 octobre 2016 au Forum des Images ,salle 500, dans le cadre du club 300 et en VO

Note de Mulder: