Manchester by the Sea

Manchester by the Sea fait partie de ces rares films portés par la grâce et qui redéfinit à lui seul l’existence d’un genre au cinéma. Un film d’une telle force émotionnelle que certains plans resteront en mémoire longtemps après l’avoir découvert pour la première fois. Impossible de ne pas rester insensible à l’histoire de cet homme, Lee Chandler (Casey Affleck) marqué par le destin, qui après le décès accidentel de ses deux filles, la séparation avec sa femme a décidé de partir loin de la ville dans laquelle il a grandi. A la mort de son frère Joe Chandler (Kyle Chandler), il est obligé de revenir dans sa ville et d’être le tuteur de son neveu Patrick (Lucas Hedges). Il retrouvera son ancienne femme Randi (Michelle Williams) et verra ses blessures liées au passé refaire surface.

Ecrit et réalisé par Kenneth Lonergan (Tu peux compter sur moi (2000), Margaret (2011)), Manchester by the Sea transcende littéralement son sujet et s’apparente aisément au plus beau film fait sur le deuil et sur le destin d’un homme brisé. Mélangeant de manière parfaite flashback et scènes du présent et loin d’avoir recours à des effets visuels inutiles, le film nous présente un personnage résigné et brisé dont les blessures psychologiques font qu’il n’est plus totalement humain et semble attendre que son heure sonne. La scène dans le commissariat est suffisamment éloquente pour nous toucher et nous hanter. Comment pourrait-on tenir à sa place alors que le destin semble jouer contre soi, que ses erreurs ne pourront jamais être réparées. Manchester by the Sea a certes un rythme lent mais face à une telle tragédie il ne pouvait pas en être autrement.

La véritable redécouverte du film est le comédien Casey Affleck qui livre là non seulement sa meilleure performance mais qui montre également qu’il est l’un des meilleurs comédiens de sa génération. Après de nombreux films avec son frère Ben Affleck ou leur ami commun Matt Damon (Will Hunting (1997), trilogie Ocean Eleven (2001-2007), Gerry (2002), Gone Baby gone (2007)), il se livre ici totalement dans son rôle d’un homme brisé par la fatalité et qui n’arrive pas à être le tuteur du fils de son frère. Ses nombreuses scènes avec la comédienne Michelle Williams donnent au film tout son sens et en fait l’un des plus émouvants de cette année. On retiendra en particulier la scène dans la rue entre ses deux comédiens d’une force émotionnelle rarement atteinte au cinéma. Le film est également mit en exergue par la musique de Lesley Barber (We Don't Live Here Anymore (2004), Death in Love (2008)) qui sait parfaitement appuyer le côté mélodramatique de nombreuses scènes mémorables.

Vu le 16 novembre 2016 à la Salle Universal, en VO

Note de Mulder: