Barabbas

Barabbas
Titre original:Barabbas
Réalisateur:Richard Fleischer
Sortie:Cinéma
Durée:132 minutes
Date:29 août 1962
Note:
Le jour de la crucifixion, Ponce Pilate demande à la foule, quel condamné elle souhaite voir libéré, selon la tradition. Suite aux acclamations, c'est Barabbas, un voleur et rebelle, qui est relâché, alors que le Christ s'apprète à mourir. Incrédule, Barabbas verra sa vie désormais liée à la naissance de la religion chrétienne, que ce soit comme travailleur forcé dans les mines de soufre de Sicile ou comme gladiateur dans l'arène à Rome.

Critique de Tootpadu

Dans la tradition des grands films spectaculaires sur fond religieux, remis à la mode à l'époque quelques années après le phénomène "Ben-Hur", ce péplum prend une place respectable, à défaut d'être un classique du genre. Suivant le périple d'un personnage dubitatif et passif, le récit réussit à ne pas se laisser accabler par la nature peu recommandable de son héros et nous présente quelques scènes d'une intensité et d'une beauté remarquable. A l'image des doutes de Barabbas, le film ne prend jamais à bras le corps l'enseignement chrétien, en laissant le message des séquences religieuses sans écho, sans répercussion directe dans les minutes qui suivent. De même, les motivations du protagonistes restent délibérément floues, jusqu'à son action fanatique mais entièrement fourvoyée de la fin.
Plus une étude assez intelligente des interrogations d'un homme dont le destin est étroitement lié à la mort du Christ qu'une fresque admirative et creuse, "Barabbas" s'emploie aussi à dépeindre les endroits emblématiques de l'époque, serait-ce d'un point de vue aventurier. Des mines aux catacombes, en passant par l'arène, le film opère comme une sorte de sélection des meilleurs moments de ses confrères du genre ("Spartacus", "Ben-Hur", "La Chute de l'Empire romain", "Gladiator", ...). Que tout cela tient malgré tout ensemble de façon cohérente et fascinante est à mettre au crédit de Richard Fleischer.
D'une beauté plastique sans défaut, dans la tradition de ce qui se faisait de mieux à l'époque dans le registre des péplums à budget conséquent, le film fait encore aujourd'hui plaisir à voir dans toute sa splendeur sans excès. En effet, les jeux de gladiateur paraissent plus naturels et anodins, que ceux, plutôt noyés dans le pathos par Ridley Scott, quarante ans plus tard. En outre, la construction de l'image panoramique est du plus bel effet, notamment lors de la crucifixion, tournée lors d'une éclipse réelle.
Quant à l'interprétation, Anthony Quinn apporte suffisamment de finesse et de retenue à un rôle qui en demande beaucoup. La pléiade d'acteurs de renom qui joue les seconds rôles disparaissent assez dans la peau de leur personnage pour ne pas en faire une simple liste de vedettes.
Certainement pas un film qui a révolutionné le genre, mais un exemple divertissant tout de même, un "Ben-Hur" du pauvre en quelques sortes, moins pompeux et long, plus beau et intelligent.

Vu le 18 mars 2004, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: