La fille de Brest

La fille de Brest
Titre original:La fille de Brest
Réalisateur:Emmanuelle Bercot
Sortie:Cinéma
Durée:128 minutes
Date:23 novembre 2016
Note:

Dans son hôpital de Brest, une pneumologue découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d'un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité.

Critique de Mulder

«Il n’y a pas de vrai combat sans peur».

La fille de Brest trouve son essence dans le roman publié par Irène Frachon le 3 juin 2010 Médiator 150MG : Combien de morts ? dans lequel elle raconte son combat contre le laboratoire Servier pour retirer des ventes le médicament Le médiator. Le scénario écrit par Séverine Bosschem sous la supervision de la réalisatrice Emmanuelle Bercot reprend ainsi en partie ce livre mais également réinterprète après un long travail de recherche les éléments nécessaires pour donner vie à cette histoire. Le film nous présente donc ce combat homérique et long entre une brillante pneumologue au fort caractère et un laboratoire médical. Conçu comme un véritable thriller médical, l’intrigue est suffisamment riche pour retenir toute notre attention et surtout témoigne une fois de plus après La tête haute (2014) (https://mulderville.net/fr/critiques/4213/tete-haute-la) que la réalisatrice Emmanuelle Bercot sait parfaitement s’entourer d’un casting en parfaite adéquation avec l’intrigue mais cherche constamment à donner une crédibilité certaine à l’action.

Derrière l’intrigue se cache surtout le magnifique combat d’une femme partie en croisade dans un combat titanesque avec ses convictions et un tempérament admirable pour se battre coûte que coûte pour que tous les patients qu’elles connaissaient ou non n’aient plus à subir les nombreux effets néfastes d’un tel médicament. Le constat glaçant fait également apparaitre que de nombreux médicaments peuvent aussi être tout aussi dangereux pour la santé. Le scénario digne des plus grands thrillers politiques américains des années 70, on pense ainsi aux hommes du Président d’ Alan J. Pakula pour constamment rester dans les faits et révéler les nombreuses recherches d’Irène Frachon et des personnages de l’hôpital de Brest qui l’ont aidée. Médusé, indigné et surtout admirateur d’une telle dévotion de cette pneumologue le film nous passionne totalement et surtout nous montre que le courage peut s’accorder parfaitement au féminin une nouvelle fois.

En cherchant constamment à proposer une vision réaliste de l’univers médical le film n’oublie à aucun moment les nombreuses victimes de ce médicament et surtout nous livre une des scènes les plus fortes vues dans un film depuis très longtemps, une autopsie médicale réalisée de manière (trop) réaliste qui pourrait choquer un public non habitué à une telle scène. Emmanuelle Bercot livre tout simplement avec ce film son meilleur à ce jour et surtout dresse un portrait élogieux d’une femme admirable devenue lanceuse d’alerte par conviction médicale et personnelle.

Une nouvelle fois la comédienne Sidse Babett Knudsen (After The wedding (2006), la série Borgen (2010-2013), L’hermine (2015) et prochainement Inferno (2016) et la série Westworld (2016)) irradie chaque scène du film de sa présence ensorcelante. Elle donne toute sa force et donne vie à une femme au caractère fort et passionné, une véritable héroïne romanesque. Le casting permet également à la réalisatrice de retrouver le comédien Benoît Magimel parfait aussi en médecin qui soutiendra Irène Frachon au détriment de sa carrière. La fille de Brest risque de connaitre non seulement un beau succès publique mais surtout se révèle un candidat parfait pour la prochaine cérémonie des César..

Vu le 18 septembre 2016 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 01

Note de Mulder: