May

May
Titre original:May
Réalisateur:Lucky McKee
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:10 mars 2004
Note:
May travaille dans un cabinet vétérinaire. C\'est une jeune fille timide et complexée qui a beaucoup du mal à se faire des amis et dont l\'attitude est étrange aux yeux des autres. Elle partage son appartement avec sa seule vraie amie, une poupée que lui a donné sa mère quand elle était petite. Un jour, elle flirte avec un jeune mécanicien intrigué par son attitude. Leur relation ne dure pas longtemps et après d\'autres brèves rencontres sans lendemain, May décide de se fabriquer elle-même un amant idéal...
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Critique élaborée à partir de critiques lues sur Allo Ciné et revue par mes soins.

Pour son premier film, Lucy McKee examine avec une précision impressionnante les dysfonctionnements psychologiques de son personnage. Mélange envoûtant de douceur adolescente et de cauchemar schizophrène, May ne ressemble à rien de connu, redistribuant avec une belle assurance les cartes de l\'horreur contemporaine.

Le film commence ainsi gentiment par quelques scènes où l\'on s\'aperçoit que cette fille n\'est quand même pas très \"normale \", son attirance pour ce qui est bizarre est vraiment très poussée. Puis petit à petit, des frissons commencent à vous parcourir l\'échine, puis le ventre commence à être barbouillé, un rictus s\'affiche sur votre visage, c\'est alors que c\'est bien, ce sont les symptômes d\'un bon film de ce genre. Et surtout, ce qui est vraiment bien c\'est l\'humour noir de ce film, très bon humour noir. Pour les amateurs, même pour les autres, l\'humour noir vaut largement la peine d\'aller le voir.

Ce conte fétichiste à la lisière du fantastique s\'avère donc être une plongée belle et dérangeante dans les tourments de l\'esprit humain. Une première oeuvre parfaitement maîtrisée et aboutie qui augure du meilleur pour la suite de la carrière de McKee. Le découpage sanglant des victimes de May dévoile la manière dont le choix du gros plan au cinéma, la manière dont la caméra isole telle ou telle partie d\'un corps relèvent en fait d\'un parti pris un peu monstrueux, d\'une volonté de recomposer l\'unité de la réalité en la fondant dans une représentation qui n\'en associerait que des fragments

La grande force de ce film est de nous faire aimer ce personnage et de rendre crédible son malaise au point de le rendre contagieux. On en ressort complètement secoué. Dans le rôle-titre, Angela Bettis livre une partition hallucinante, jouant avec une égale aisance l\'ingénuité, la timidité et la folie. Si ce film n\'est pas pour tous publics, son univers original le place bien au-dessus des films d\'horreur récents.

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

La solitude, la folie, l\'amitié et le désir de la beauté, ce sont là les thèmes clés de ce film d\'horreur qui constitue une surprise agréable sans pour autant relever du chef-d\'oeuvre. Traversant les genres avec une aise remarquable, le film progresse lentement, mais inextricablement vers l\'horreur démente. S\'il n\'y avait pas ces plans entrecoupés de membres de poupées tombant sur fond noir et cette image viscéralement choquante en guise de prémonition, sans parler des yeux béantes de la poupée sous verre, la première partie du film pourrait faire croire à une histoire banale parmi d\'autres d\'une fille solitaire et exclue, qui s\'immerge dans un monde fictif de désirs réprimés. Cependant, la suite que donne le cinéaste au récit, apparemment une semence de terreur excessive, découle finalement assez logiquement de ce qui a précédé. Il s\'agit en fait de rien d\'autre que l\'expression de la folie qui hante May, inhibée par son défaut physique, d\'ailleurs très savamment sous-exploité ici. L\'ascension du personnage principal s\'accompagne effectivement par sa transformation physique, jusqu\'à être la plus belle dans son costume de Halloween lorsqu\'elle fait peur à ses amis d\'une façon bien macabre.
Porté par l\'interprétation convaincante d\'Angela Bettis - une jeune Holly Hunter en quelque sorte -, le film séduit, entre autre, par son choix judicieux de la musique. Certaines séquences rappellent les films d\'horreur des années 1970, avec leur lien très fort entre la folie et l\'enfance, un rapport également exploité admirablement ici.

Vu le 22 mars 2004, à l\'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: