Nerve

Nerve
Titre original:Nerve
Réalisateur:Ariel Schulman, Henry Joost
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:24 août 2016
Note:

New York, 2020. Vee, jeune fille introvertie,  vient tout juste de terminer le lycée ; passionnée de photographie, elle est acceptée en fac d’art mais n’ose pas affronter sa mère, avec qui elle vit seule, trop tourmentée à l’idée  de lui faire de la peine en quittant le foyer familial.  Sa meilleure amie, Sidney, jeune femme extravertie et n’ayant pas froid aux yeux, lui demande d’être une « voyeuse » sur son compte Nerve : un réseau social qui propose à ses « joueurs » des défis leurs permettant de gagner de l’argent facilement mais, suite à un échange où elle  lui reproche de ne pas se lâcher et de ne prendre jamais aucun risque, Vee, piquée au vif,  décide finalement de devenir  une « joueuse ».   De défis en défis, aux côtés du très séduisant Ian,  elle va vivre une journée dont elle ne soupçonne pas les conséquences… et qui pourrait, en définitive, lui coûter la vie.

Critique de earina

À une époque ultra-connectée où tout le monde possède un ou plusieurs comptes sur des réseaux sociaux, où le moindre incident ou phénomène peut être filmé et mis en ligne immédiatement, ce film est terriblement générationnel. L’introduction met directement dans l’ambiance : à peine installée sur son PC, Vee lance Spotify, se connecte à Google, lis ses mails, reçoit un appel de Sidney via Skype et, en même temps, regarde la page du jeune homme qui lui plaît sur Facebook.

La réalisation permet à ce moment-là de se mettre dans la « peau » du PC : nous nous retrouvons face à Vee et pouvons scruter la moindre de ses expressions en fonction de ce qu’elle voit sur son écran. Plus tard, c’est par petites touches subtiles que nous comprenons que l’histoire se déroule dans un futur très proche : smartphone pour tous, les informations s’échangent à la vitesse de la lumière, par simple contact des appareils. Parlons-en, de ces appareils : ils sont une véritable prolongation du corps de nos protagonistes qui, pour remporter leur défi, sont dans l’obligation de se filmer avec leur téléphone, en plus des nombreux « voyeurs » qui les suivent, tels de véritables groupies, et qui les filment également. Tout est exposé, il n’y a plus aucune limite, plus aucune intimité.

Sydney incarne a elle-seule l’un des maux de cette génération online, l’ «instafamous » : pour la gloire et la célébrité, elle n’a plus aucune dignité et réalise les défis proposés par ses « voyeurs », tous plus avilissants les uns que les autres… allant même jusqu’à la pousser dans ses derniers retranchements et jouer avec ses peurs les plus profondes : car jouer à Nerve implique une divulgation des moindres parcelles de sa vie ; le jeu se connecte à toutes les données et la vie des « joueurs » est ainsi exposée au groupe des « voyeurs » qui en profite alors pour proposer les défis les plus fous…

Ce qui était un jeu amusant au départ devient alors un jeu mortel où chaque « joueur », pour rester numéro un et participer à la finale, va risquer sa vie pour de l’argent… et pour une gloire qui reste malgré tout éphémère. Car il est aussi question de cela : cette notoriété qui vous tombe dessus d’un seul coup, telle une chape de plomb, sans aucun mérite, personne n’y est préparé et, loin de rendre la vie facile, elle vous change et vous transforme : les « joueurs » deviennent des produits formatés, obéissent au doigt et à l’œil à leurs « voyeurs » et deviennent ainsi leur jouet virtuel, dont la volonté s’efface à mesure que l’appât du gain augmente…

Rappelant l’excellent The Game, Nerve porte particulièrement bien son nom ; ce film joue avec vos nerfs, il est impossible de ne pas s’identifier aux « joueurs » ainsi qu’aux « voyeurs », frissonnant pour les uns au fur et à mesure des défis remportés et culpabilisant pour les autres, bien cachés derrière leur écran et ne pensant aucunement aux conséquences de leurs actes…

En adaptant le roman de Jeanne RYAN, Addict, Ariel SCHULMAN, Henry JOOST ont parfaitement su traduire les maux de notre génération qui, ultra-connectée et bien à l’abri derrière son écran, n’a aucune conscience des limites à s’imposer… surtout lorsqu’il s’agit de la vie d’autrui.

Comprenez-le bien : l’Ice Bucket challenge, c’est de la rigolade à côté des défis proposés par Nerve !

Alors… Oserez-vous ?

Vu le mardi 23 août 2016 au Pathé Beaugrenelle

Note de earina:

Critique de Mulder

A Ariane, une source d’inspiration non virtuelle

Sur la base d’un scénario de Jessica Sharzer (scénariste sur la série American Horror Story) qui adapte à l’écran le roman Addict de Jeanne Ryan, les réalisateurs Ariel Schulman et Henry Joost (Paranormal Activity 3 et 4 (2011, 2012)) réussissent l’exploit de nous proposer le thriller le plus intéressant de cette période estivale. En plongeant une jeune étudiante dans un jeu en ligne dangereux dans lequel des joueurs volontaires se voient proposer des missions différentes contre une somme d’argent importante, le film devient immédiatement passionnant. Les spectateurs deviennent les témoins de cette jeune héroine Vee Delmonico (Emma Roberts) assistée par un inconnu au passé trouble Ian (Dave Franco). Le scénario plutôt habile traite ainsi de manière intelligence de l’addiction de nombreuses personnes envers les nouvelles technologies. Dans un contexte dans lequel Pokémon Go est devenu un véritable phénomène de société, Nerve témoigne bien que notre société actuelle se tourne de plus en plus vers des moyens de communication artificielle à défaut de vouloir échanger librement dans des endroits propices à la rencontre. La première rencontre entre Vee et Ian se situe dans ce sens dans un bar situé en plein New York. Pratiquement tourné en temps réel, le film suit donc le parcours chaotique de ces deux jeunes adultes qui doivent non seulement risquer leur vie dans des paris dangereux comme conduire une moto sans que le pilote puisse voir la route ou se suspendre avec une main en plein vide.

Sorti après le retour de Matt Damon dans le rôle de Jason Bourne mettant également en avant les aspects néfastes d’internet en matière de protection des libertés individuelles, Nerve se révèle nettement plus efficace pourtant avec des moyens moindres. Les réalisateurs n’oublient ainsi jamais qu’un thriller n’est pas une simple juxtaposition de scènes d’action mais surtout un récit reposant sur des personnages solides et instaurant un véritable climat. Dans ce sens Nerve non seulement s’impose comme une des excellentes surprises de cet été mais surtout ne cesse jamais d’être innovant. Les réalisateurs appuient également leur récit sur une véritable recherche esthétique visuelle et nous propose une histoire totalement immersive. Impossible de découvrir par avant la finalité du récit tellement le scénario réussit constamment à nous surprendre et à nous proposer des scènes pleines d’adrénaline.

Dans la continuité de Hackers (1999) de Iain Softley et de The Game (1997) de David Fincher, Nerve réussit à s’imposer comme une des meilleures surprises de cette année. A cela son casting permet de retrouver la trop rare Emma Roberts parfaite dans son rôle (American Horror Story saison 3 et 4, Empire State (2013)..) mais aussi dans les seconds rôles Dave Franco (Insaisissables 2 (2016), 22 Jump Street (2014), Nos pires voisins 2 (2016)….), Juliette Lewis (Hick (2012), Jem et les hologrammes (2015)..) et Emily Meade (Money Monster (2016), Célibataires ou presque (2014)..). En traitant de sujet d’actualité en ayant recours à différents moyens technologiques pour diffuser les images du film, les réalisateurs évitent de proposer un nième found footage et dresse un portrait plutôt interpellant sur les mauvais usages que l’on pourrait faire d’internet.

Vu le 26 août 2016 au Gaumont Disney Village, Salle 6 place A19, en VF

Note de Mulder: