Dans le noir

Dans le noir
Titre original:Dans le noir
Réalisateur:David F. Sandberg
Sortie:Cinéma
Durée:81 minutes
Date:24 août 2016
Note:

Une famille en proie à une mystérieuse créature qui ne vit que dans le noir.
Petite, Rebecca a toujours eu peur du noir. Mais quand elle est partie de chez elle, elle pensait avoir surmonté ses terreurs enfantines. Désormais, c'est au tour de son petit frère Martin d'être victime des mêmes phénomènes surnaturels qui ont failli lui faire perdre la raison. Car une créature terrifiante, mystérieusement liée à leur mère Sophie, rôde de nouveau dans la maison familiale. Cherchant à découvrir la vérité, Rebecca comprend que le danger est imminent… Surtout dans le noir.

Critique de Mulder

Avant de réaliser son premier film Dans le noir le réalisateur suédois David F. Sandberg s’était illustré dans de nombreux courts métrages (Ladyboy (2013), See you soon (2014), Pictured (2014) et Closed space (2016)). Il y avait témoigné d’un véritable sens de la mise en scène et surtout d’un talent indéniable pour jouer avec les nerfs des spectateurs. L’un de ceux-ci Lights out réalisé (avec sa femme Lotta Losten) en 2013 illustrait le thème de la maison hantée avec l’idée qu’une entité malfaisante pouvait déferler toute sa violence dans le noir. Toute la force de ce court film reposait sur un climat oppressant et surtout la maitrise complète du genre horrifique. Le succès rencontré lors de sa mise en ligne (plus de vingt millions de vues sur) amena le réalisateur David F. Sandberg a être contacté pour envisager une version cinématographique de ce court film. Le producteur Lawrence Grey à l’origine de cette adaptation en long métrage avait non seulement vu en ce réalisateur un véritable potentiel mais surtout matière à faire de ce court métrage un long suffisamment prenant. Avec l’aide du co-scénariste Eric Heisserer, le réalisateur réussit ainsi à broder un film d’horreur d’une maitrise indéniable.

L’influence des maitres de l’horreur John Carpenter et Wes Craven est indéniable sur ce premier film non seulement efficace mais qui réussit à instaurer une véritable ambiance horrifique. Dès la scène d’introduction, on pense inévitablement à celle de Scream dans laquelle on découvrait les méfais d’une entité machiavélique et sa première victime. Le réalisateur aidé par son directeur de la photographie donne au film une véritable profondeur. Il réussit constamment à nous surprendre, ne serait-ce par les nombreuses scènes inquiétantes dans lesquelles la créature apparait mais aussi en dressant le portrait d’une famille américaine décomposée et en proie à une malédiction. En revenant même à l’essence du cinéma horrifique et en ayant le moins possible recours à des afflux massifs de scènes gores creuses, Dans le noir s’impose comme l’une des excellentes surprises de l’année. De la même manière le réalisateur préfère éviter au possible l’usage massif d’effets spéciaux et on pense constamment à John Carpenter pour sa mise en scène brillante, efficace et toujours à la recherche du meilleur plan possible. Le réalisateur a également pu bénéficier de la présence à la production de James Wan. On pense ainsi à l’efficacité de Conjuring et de Dead silence en suivant ce film.

Une nouvelle fois, le réalisateur prouve que pour réussir un bon film d’horreur, il faut non seulement un bon scénario aussi simpliste qu’il soit mais surtout un casting au diapason. Il bénéficie ainsi de la présence dans les rôles importants de Billy Burke (saga Twillight), de Maria Bello (parfaite dans le rôle de la mère de famille en proie à son démon) et de Térésa Palmer (Wolf Creek (2005), Warm Bodies (2013), Point Break (2015)..). Parfaitement dirigé, ce casting donne au film une véritable aura digne des grandes productions horrifiques des années 80. On pense ainsi souvent au film culte de John Carpenter Halloween (1978) dépeignant la fragilité de la jeunesse américaine face à un déferlement de violence dans une petite ville américaine. Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que le court métrage très court de trois minutes perde toute sa force en passant à une durée approchant les quatre vingts minutes, au contraire le résultat gagne en intensité et en épaisseur. Chaque scène du film témoigne bien que David F. Sandberg a tout le potentiel pour devenir l’un des prochains maîtres de l’horreur et prendre ainsi un relais mérité et prometteur. Certes on pourra reprocher une fin trop mécanique et un peu trop rapide mais cela ne gâche en rien le plaisir de découvrir un nouveau réalisateur dont on suivra la carrière avec la plus grande attention. On se doute que son prochain Annabelle 2 devrait confirmer aisément tout le potentiel détecté dans ce film horrifique réussi à et à découvrir d’urgence.

Enfin, le film bénéficie d’une musique parfaitement en phase avec la réalisation. Benjamin Wallfisch son compositeur trouve la juste tonalité pour renforcer le climat oppressant du film et en maximiser les effets. Une nouvelle fois, on comprend aisément la place importante de la musique dans un film. En cela Dans le noir pourrait non pas s’apparenter à un simple exercice de style mais surtout en un classique instantané du genre. Un hommage d’un passionné de cinéma aux maîtres de l’horreur et surtout la concrétisation que tout bon court métrage peut devenir un excellent film à condition d’être réalisé avec passion et un véritable souci de proposer un spectacle fort en émotions.

Vu le 11 juillet 2016 dans la salle Warner Bros en VO

Note de Mulder: