Jane Got a Gun

Jane Got a Gun
Titre original:Jane Got a Gun
Réalisateur:Gavin O'Connor
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:27 janvier 2016
Note:

Jane Hammond est une femme au caractère bien trempé mariée à Bill, l’un des pires bandits de la ville. Lorsque celui-ci se retourne contre son propre clan, les terribles frères Bishop, et qu’il rentre agonisant avec huit balles dans le dos, Jane sait qu’il est maintenant temps pour elle de troquer la robe contre le pantalon et de ressortir son propre pistolet. Le meilleur espoir de Jane n’est autre que son ancien amour Dan Frost, dont la haine envers Bill n’a d’égal que son amour pour Jane.

Critique de Mulder

Jane got a gun signe la résurrection convaincante du Western et revient à l’essence même du genre. Certes encore récemment des réalisateurs ont tenté de dépoussiérer le genre avec plus ou moins de réussite tel Jonah Hex (2010), Cow Boys et envahisseurs (2011), Lone Ranger, Naissance d'un héros (2013), Shérif Jackson (2013) mais les résultats hormis l’excellent Django Unchained (2012) ne retinrent que très rarement notre attention. Le nouveau film de Gavin O'Connor (Le Prix de la loyauté (2008), Warrior (2011)) s’apparente comme un bel hommage rendu à un cinéma honorant une période importante des Etats-Unis, une période où les Etats-Unis commençaient réellement à voir des villes émerger et le plus souvent dans la souffrance. Des classiques comme Danse avec les loups (1990), Silverado (1985) ont marqué à jamais notre mémoire tout comme les classiques de John Ford, Sergio Leone, Clint Eastwood car ils montraient bien la dualité humaine, un sens moral pour trouver ses repères. C’est dans cette mouvance que Jane got a gun trouve sa place et réussit à s’imposer comme une réussite importante.

La genèse du film fut pourtant chaotique, de nombreux comédiens ont laissé leur place tels Michael Fassbender, Jude Law, Bradley Cooper mais également un changement de réalisateur, la réalisatrice Lynne Ramsay abandonnant son poste ce qui amena l’arrivée de Gavin O-Connor derrière la caméra. Ces changements ne sont pas liés à un scénario posant soucis. Celui-ci est tout simplement l’un des meilleurs que nous avons pu découvrir cette année tant sa ligne principale permet aux comédiens de livrer des interprétations fortes et intéressantes. On retrouve ainsi dans les rôles principaux Natalie Portman (également productrice du film), Joel Edgerton (déjà présent dans le précédent film du réalisateur) et Ewan McGregor (qui retrouve la comédienne principale après la second trilogie Star Wars sortie en salle).

Le film nous présente donc une jeune femme, Jane Hammond , dont le mari revenu blessé à leur domicile, se retrouve confrontée à une bande de bandits. La seule aide qu’elle pourra obtenir sera celle de son ancien amant un ancien soldat n’appréciant guère l’époux de son ancienne campagne mais qui continue à porter un véritable amour à cette femme. La structure réussie du film fait se succéder des scènes importantes du passé et de l’action présente dans quelle la personne interprétée par Natalie Portman devra se préparer à affronter ses blessures du passé pour pouvoir reconstruire sa famille. On sent dans le scénario de Brian Duffield (Divergente 2 : l’insurrection (2015)) une véritable volonté de revenir à un genre original. Les nombreux décors naturels, la ville reconstituée où se situe une part de l’action font preuve d’une réelle volonté de naturalisme. On retrouve ainsi l’Ouest sauvage aussi beau que dangereux. Ces lieux profitent également dans de nombreuses scènes d’une photographie lumineuse de Mandy Walker (Le Chaperon Rouge (2011)). Ce far-West ressemble donc à celui de Sergio Leone, sale, dangereux et surtout désertique.

Loin d’être un simple exercice de style, il y a dans Jane got a gun une véritable épaisseur des personnages. Chacun garde en soi ses propres blessures, chacun a un rapport important avec sa famille et sa volonté de trouver sa place dans cet Ouest sauvage. Au-delà d’être un western, l’idée centrale du film est la reconstruction de la famille ( au cœur aussi du précédent film du réalisateur) mais également celui d’un pays tout entier. Jane got a gun est également un western féministe magnifique interprété par l’une des plus talentueuses comédiennes américaines. On sent réellement cette importance de part de féminité à travers la présence de Natalie Portman dans le rôle principal. Une nouvelle fois, elle témoigne qu’elle sait parfaitement choisir les projets qui lui tiennent à cœur aussi bien dans de gros blocbkusters réussis (saga Thor, personnage de comics Marvel) que dans des productions indépendantes marquantes (Garden State (2004), Brothers (2009), Black Swan (2011)) Elle démontre à travers les blessures de son personnage toute sa palette de jeux de comédienne.

Jane got a gun pour toutes ses raisons est l’un des belles surprises de fin d’année marquant non seulement le retour de Natalie Portman dans un rôle principal mais également confirmant toute le bien que nous pensons du réalisateur Gavin O'Connor. On ne peut donc que vous conseiller l’un de nos grands coups de cœur de l’année 2015.

Vu le 19 octobre 2015 au Club Marbeuf , en VO

Note de Mulder: